mercredi 31 juillet 2013

Extrêmes climatiques par continent en juillet 2013

EUROPE (à l’ouest de l’Oural) :
Tnn
-11,1°C le 29 à la Capanna Margherita (Italie, 4559 m)
À noter :
-4,4°C le 30 au Jungfraujoch (Suisse, 3580 m)
-3,9°C le 2 à Brúarjökull (Islande)
-3,7°C le 14 à Fannaråki (Norvège, 2062 m) et -3,5°C le 8
-2,4°C le 8 à Juvvasshøe (Norvège)
-2,0°C le 1 à Mussala Top (Bulgarie, 2925 m)
-1,8°C le 11 à Filefjell (Norvège)
-1,8°C le 11 à Folldal-Fredheim (Norvège)
-1,7°C le 22 à Latnivaara (Suède)
-1,6°C le 1 à Kasprowy Wierch (Pologne)
-1,5°C le 22 à Börtnan (Suède)
-1,3°C le 11 à Leirflaten (Norvège)
Txx
+44,0°C le 7 à Tomar (Portugal)
+43,9°C le 7 à Mora (Portugal)
+43,8°C le 7 à Alcácer do Sal (Portugal), +43,0°C le 6, +42,8°C les 4 et 5
+43,4°C le 7 à Pinhão (Portugal), soit un record absolu à la station
+43,4°C le 7 à Coruche (Portugal)
+43,3°C le 9 à El Granado (Espagne), +43,1°C le 4, +42,6°C le 7 et +42,5°C le 10
+43,1°C le 6 à Millera-Panton (Espagne, Galice)
+43,1°C le 8 à Alvega (Portugal)
+42,7°C le 28 à Ottana (Italie, Sardaigne) et +41,1°C le 27
+42,6°C le 7 à Portel (Portugal)
+42,6°C le 28 à Palmas Arborea (Italie, Sardaigne) et +40,8°C le 27
+42,5°C le 6 à Ribadavia (Espagne) et +42,2°C le 7
+42,5°C le 7 à Mirandela (Portugal), soit un record absolu à la station depuis 1999
+42,4°C le 7 à Viana do Alentejo (Portugal)
+42,4°C le 7 à Lousã (Portugal)
+42,4°C le 7 à Setúbal (Portugal)
+42,3°C le 7 à Rio Maior (Portugal) 
+42,2°C les 9 et 31 à Montoro (Espagne)
+42,2°C le 8 à Zarza La Mayor (Espagne)
+42,0°C le 8 à Badajoz (Espagne)
+42,0°C le 28 à Berchidda (Italie, Sardaigne)
+41,9°C le 6 à Ourense observatoire (Espagne)
+41,9°C le 7 à Avis (Portugal)
+41,9°C le 7 à Zebreira (Portugal)
+41,9°C le 27 à Olmedo (Italie, Sardaigne)
+41,8°C le 7 à Santarém/Fonte Boa (Portugal)
+41,7°C le 7 à Fundão (Portugal)
+41,7°C le 7 à Valencia de Alcántara (Espagne) et +41,6°C le 8
+41,7°C le 10 à Jerez de la Frontera aéroport (Espagne)
+41,7°C le 26 à Lefkoniko (Chypre)
+41,6°C le 7 à Albuquerque (Espagne)
+41,6°C le 9 à Coria (Espagne)
+41,6°C le 29 à Banja Luka (Bosnie-Herzégovine), soit un record absolu à la station

L'endroit le plus chaud de la planète

Furnace Creek (Californie, États-Unis)
© J. Reynaud, août 2011
Depuis les années 1850, la localisation de l’endroit le plus chaud sur la Terre a toujours fait l’objet de débats et de controverses. Seulement deux ans après le début des mesures, la station installée à Furnace Creek (anciennement appelée Greenland Ranch jusqu’en 1933) dans la Vallée de la Mort en Californie (États-Unis) a mesuré une température de l’air de 56,7°C (134,1°F) le 10 juillet 1913. Le titre de l’endroit le plus chaud de la planète lui a été contesté neuf ans plus tard par la station d’El Azizia en Libye, où la température est montée jusqu’à 58,0°C (136,4°F) le 13 septembre 1922 [la valeur étant bien de 58,0°C comme indiquée dans les registres de l’époque et non de 57,8°C comme on peut le trouver dans de nombreuses publications anglo-saxonnes, où la valeur initiale de 136,4°F a été arrondie abusivement à 136°F].
La station météorologique de Greenland Ranch
(Vallée de la Mort, Californie, États-Unis) en 1926.
© Bancroft Library, University of California
Ce record mondial n’a jamais été battu officiellement (voir ci-dessous), mais il a été souvent sujet à polémique au sein de la communauté scientifique. Certains ont contesté les conditions d’observation de ce record, notamment : le type d’abri utilisé, le fort vent de sable (sirocco ou ghibli pour reprendre le mot italien désignant un vent chaud et sec provenant du Sahara) qui faisait entrer ce jour-là le sable brûlant dans l’abri météo (faussant ainsi la température), des écarts de température trop importants constatés ce jour-là avec les stations les plus proches, et la situation géographique de la station (station non officielle, située près de la côte, seulement à quelques dizaines de km au sud de Tripoli, installée sur un terrain appartenant à un agriculteur italien).

Je vous invite également à visionner ce documentaire (en anglais) récemment publié sur les investigations menées par Christopher C. Burt et l’OMM, démontrant que le record enregistré à El Azizia en 1922 est définitivement invalidé : Dead Heat: Overturning the World's Hottest Temperature. Pour de plus amples renseignements, voir aussi l'entretien filmé avec M. Randall Cerveny (rapporteur de l’OMM) mis en ligne à l'adresse <http://vimeo.com/49196737>. Voir également l’article paru sur ce sujet dans Bulletin of the American Meteorological Society (vol. 94, n° 2) et téléchargeable à l'adresse <http://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.1175/BAMS-D-12-00093.1>.

Contrairement aux instruments de mesure traditionnels inégalement répartis à la surface du globe, les satellites permettent aujourd’hui d’obtenir une couverture homogène et totale de la surface de la Terre, avec des mesures dans les endroits les plus reculés et difficiles d’accès. Cependant, les satellites ne mesurent pas la température de l’air comme le font les instruments placés à 1,50 m au-dessus du sol dans des abris ventilés et à l’abri du rayonnement direct, mais la température radiométrique de surface (un paramètre physique différent), c’est-à-dire le rayonnement émis par la surface du sol, comme si l’on mesurait la température au plus près de la peau d’un être humain. Parce que l’air a une plus faible conductivité thermique que le sol (et quelle que soit la nature de celui-ci), la température radiométrique de surface en plein été peut être supérieure de 30 à 50°C à la température de l’air sus‑jacent.

Signalons qu’avant les mesures par images satellite à haute résolution, une des toutes premières études sur les différences de température entre l’air et le sol a été réalisée le 21 juin 1915 dans le désert d’Arizona, près de Tucson. À 1h00 PM, la température maximale à 0,4 cm sous la surface du sol était de 71,5°C (160,7°F), tandis que la température de l’air mesurée à 4 m au-dessus du sol était de 42,5°C (108,5°F). D’autres études ont constaté des différences de plus grande ampleur, comme le 15 juillet 1972 à Furnace Creek (Vallée de la Mort), où l’on a relevé une température maximale au sol de 93,9°C (201°F) contre une température à 1,50 m au-dessus du sol de 53,3°C (128°F) !

La campagne de mesures par satellite réalisée par la NASA à l’échelle de la planète de 2003 à 2009 a permis de constater que les températures maximales les plus extrêmes sont observées dans les régions où les sols sont dépourvus de végétation (ou au couvert végétal très clairsemé), très secs, ayant un faible coefficient d’albedo et une faible conductivité thermique, le rayonnement solaire direct devant être optimal et l’humidité de l’air très faible.

Source : David J. Mildrexler, Maosheng Zhao et Steven W. Running, "Satellite Finds Highest Land Skin Temperatures on Earth", BAMS, American Meteorological Society, juillet 2011, p. 856.

Ces mesures satellitaires ont révélé que la position du point le plus chaud de la planète variait d’une année sur l’autre (cf. animation) et que, outre les caractéristiques physiques du site, les variations climatiques jouaient aussi un rôle important. En 2003, le point le plus chaud (69,3°C) a été observé dans l’État australien du Queensland, dans un contexte de sécheresse exceptionnelle. En 2008, il a été observé dans la dépression de Tourfan (66,8°C), dans la région autonome ouighoure du Xinjiang, en Chine. Cependant, les températures les plus élevées ont été enregistrées 5 années sur 7 dans le désert du Lut en Iran (et plus précisément sur le plateau de Gandom Beryan — un plateau recouvert de roches magmatiques sombres —, situé dans le désert de Shahdad), où la température radiométrique de surface grimpe régulièrement chaque année au-dessus de 65°C) : la température est montée jusqu’à 70,7°C en 2005 (et seulement à 62,7°C à Furnace Creek, dans la Vallée de la Mort), 69,0°C en 2007, 68,6°C en 2009, 68,5°C en 2006 et 68,0°C en 2004.

La température radiométrique de surface maximale mesurée dans le désert du Lut
(80 000 km2 dans le sud-est de l’Iran) en 2004, 2005, 2006, 2007 et 2009.
Source : D. J. Mildrexler, M. Zhao et S. W. Running, "Satellite Finds Highest Land Skin Temperatures on Earth", BAMS,
American Meteorological Society, juillet 2011, p. 857. (Photographie de Jafar Sabouri)