vendredi 9 novembre 2018

Trombe marine au large de Saint-Tropez

Une trombe marine s’est formée le jeudi 8 novembre 2018 vers 13h15 au large de la pointe de Capon, à l’extrémité est de la commune de Saint-Tropez. Le phénomène a été photographié par Bruno Theron depuis les hauteurs de Pampelonne sur la commune de Ramatuelle et filmé par un autre habitant de Ramatuelle.


La dernière trombe observée dans le secteur datait du 22 septembre 2008, non loin de la plage de l’Escalet à Ramatuelle. Rappelons aussi qu’une tornade de faible intensité (EF1), issue d’une trombe marine, avait traversé le 13 novembre 1852 la presqu’île de Saint-Tropez, après être entrée dans les terres au niveau de la plage de Pampelonne à Ramatuelle (plus d’infos sur cet événement météorologique sur le site Keraunos).

vendredi 2 novembre 2018

Première offensive hivernale en Europe de l’Ouest et au Maghreb fin octobre 2018

Après un temps exceptionnellement chaud, sec, ensoleillé et anticyclonique dans la continuité du mois de septembre 2018, les conditions météorologiques ont radicalement changé dans l’ouest de l’Europe à la fin du mois d’octobre avec l’arrivée d’une masse d’air froid en provenance directe de l’Arctique, qui s’est traduite par une chute brutale des températures, des chutes de neige précoces sur les principaux massifs (y compris jusqu’à basse altitude) et un temps extrêmement perturbé dans les régions de Méditerranée occidentale avec des épisodes pluvio-orageux particulièrement intenses accompagnés de fortes rafales de vent.

L’intensité de cette descente massive d’air polaire maritime sur toute l’Europe de l’Ouest et le proche Atlantique jusqu’au Maghreb était prévisible au regard des pressions extrêmement élevées observées les jours précédents au-dessus du Groenland. Ces hautes pressions (supérieures à 1060 hPa le 26 octobre au centre de l’inlandsis groenlandais) étaient associées à de l’air extrêmement froid : la température est descendue jusqu’à -55,4°C ce jour-là à la station danoise de Summit (3202 m), qui a battu à cette occasion de 0,2°C son précédent record mensuel de froid, à un peu plus de 2°C de la plus basse température jamais enregistrée au Groenland au mois d’octobre (-57,8°C à NorthGRIP).

La fin du mois d’octobre 2018 a été marquée par un contraste thermique saisissant, entre l’ouest de l’Europe et le Maghreb sous l’influence directe d’un puissant flux de nord avec froid et neige et un grand tiers sud-est du continent européen sous l’influence d’un flux de sud chaud et anticyclonique. À titre d’illustration, on relevait une température minimale nocturne de 17,6°C le 30 octobre au matin à Nowy Sącz (292 m) dans le sud de la Pologne et 18,1°C à Elek (94 m) dans le sud-est de la Hongrie, contre seulement 6,5°C à Gabès (120 m) sur la côte sud-orientale de la Tunisie !
Notons que les températures sont restées anormalement élevées au début du mois de novembre 2018 dans le centre et l’est de l’Europe, toujours sous l’influence d’un flux de sud anticyclonique. La Hongrie a d’ailleurs enregistré un nouveau record de chaleur pour un mois de novembre avec 25,8°C le 1er novembre à Körösszakál dans l’est du pays (précédent record : 25,5°C le 08/11/1997 à Debrecen).

D’une chaleur estivale tardive à un froid hivernal précoce

Toute l’Europe de l’Ouest est passée sans transition de conditions franchement estivales (avec de nombreux records de chaleur tardive, voire localement des records mensuels de chaleur) à des conditions hivernales.
En France par exemple, la moyenne quotidienne nationale des températures maximales n’avait jamais été mesurée à un niveau aussi élevé aussi tard le 13 octobre et à un niveau aussi bas aussi tôt le 29 octobre (sur la période 1947-2018). La moyenne de 25,8°C du 13 octobre constitue un record de chaleur pour une mi-octobre (précédent record : 25,0°C le 16/10/2017), alors que la moyenne de 7,9°C du 29 octobre égale le record mensuel de froid des 31/10/1974 et 31/10/1956 ! Ce 29 octobre, les températures ont atteint des valeurs inférieures de 10 à 14°C aux moyennes d’une fin octobre, même légèrement inférieures aux moyennes d’un mois de janvier dans le Sud-Ouest notamment, où la station de Bordeaux-Mérignac a enregistré une séquence inédite depuis 1921 de 2 jours consécutifs avec une température maximale quotidienne inférieure à 7°C (6,9°C le 28 octobre et 6,3°C le 29). Même si la plus basse température maximale pour un mois d’octobre n’a pas été battue à la station bordelaise (4,0°C le 27/10/1931), il fallait remonter à octobre 1985 pour trouver une température maximale plus basse en octobre (6,0°C le 29/10/1985).
© Étienne Kapikian via Twitter
De nombreuses autres stations françaises ont enregistré leur plus basse température maximale pour un mois d’octobre, notamment le 29 octobre, comme Millau avec 1,4°C (contre 2,3°C le 31/10/1966), Rodez avec 1,9°C (contre 2,0°C le 29/10/1974), Limoges avec 3,3°C (contre 3,6°C le 24/10/2003), Niort avec 5,3°C (contre 5,9°C le 28/10/2003), La Roche-sur-Yon avec 5,6°C (contre 6,8°C le 28/10/2003), ou encore Sète avec 7,6°C (contre 7,9°C le 26/10/2003). À Sète (Hérault) en particulier, on est passé d’une température maximale de 27,1°C le 24 octobre (record de chaleur pour la 2e décade du mois d’octobre [précédent record : 26,6°C le 29/10/2006], proche de la normale de juillet) à une température maximale de 7,6°C le 29 octobre (Tx la plus basse en octobre depuis le début des mesures à la station [précédent record : 7,9°C le 26/10/2003], inférieure à la normale de janvier [10,8°C]) !

D’autres pays européens ont connu une chute brutale des températures dans les derniers jours du mois d’octobre 2018. C’est le cas notamment de la Suisse, seulement quelques jours après avoir enregistré un nouveau record national de chaleur pour un mois d’octobre le 24 octobre dans le canton du Tessin, où la température est montée par effet de foehn de nord jusqu’à 30,8°C à Ascona et 30,5°C à Locarno-Monti (des valeurs d’autant plus remarquables pour une fin octobre que le précédent record mensuel national avait été enregistré au tout début du mois d’octobre 1997 avec 29,9°C le 1er à Grono dans le canton des Grisons). À Locarno-Monti, la température maximale est passée de 30,5°C le 24 octobre à 17,9°C le 26 puis 13,2°C le 29.

Les îles Britanniques n’ont pas échappé à cette baisse brutale des températures. Alors qu’on relevait jusqu’à 26,5°C le 13 octobre à Donna Nook dans le comté de Lincolnshire en Angleterre (Tx la plus élevée jamais observée aussi tard au Royaume-Uni), la température n’a pas dépassé au Royaume-Uni au plus chaud de la journée les 10,4°C le 27 à Langdon Bay (comté de Kent, Angleterre) [et seulement 8,3°C à Donna Nook]. La nuit du 29 au 30 octobre a été la plus froide avec des températures minimales négatives sur une grande partie du Royaume-Uni où l’on a relevé jusqu’à -7,3°C à Sennybridge (au pays de Galles) et à Shap (dans le nord-ouest de l’Angleterre).
En Irlande, la température est descendue jusqu’à -4,3°C le 30 octobre à l’aéroport de Dublin dans l’est du pays, qui enregistre à cette occasion sa plus basse température pour un mois d’octobre depuis le début des mesures à la station en 1939 !

Le froid a touché également la péninsule Ibérique et l’Espagne en particulier, du nord du pays jusqu’en Andalousie dans le sud, avec des températures anormalement basses les 28 et 29 octobre et quelques records mensuels de froid en prime. On a relevé notamment une température minimale de 2,9°C le 28 octobre et 2,3°C le 29 à Pontevedra en Galice (nord-ouest de l’Espagne), qui améliore à deux reprises son précédent record mensuel de froid depuis le début des mesures à la station en 1985 (4,2°C le 29/10/2012). En Andalousie, où l’on a relevé jusqu’à -1,3°C le 29 octobre à Láujar de Andarax (1518 m) et -1,1°C le même jour à l’aéroport de Grenade (567 m), Jaén a enregistré sa plus basse température minimale depuis le début des mesures en 1983 avec seulement 4,2°C le 28 octobre (précédent record : 4,4°C le 28/10/2012).
Plusieurs stations espagnoles ont également enregistré leur plus basse température maximale pour un mois d’octobre au cours de la journée du 28 octobre, comme Teruel (communauté autonome d’Aragon) avec seulement 5,3°C (contre 6,4°C en octobre 1992), Lugo (Galice) avec 6,6°C (contre 9,3°C en octobre 2003), l’aéroport des Asturies (principauté éponyme) avec 8,2°C (contre 9,9°C en octobre 2003), Jaén (Andalousie) avec 9,1°C (contre 10,0°C en octobre 1992) et l’aéroport de Cordoue (Andalousie) avec 13,8°C (contre 14,4°C en octobre 1988).

L’air froid a gagné des latitudes plus méridionales et atteint le Maghreb.
À Melilla, enclave espagnole sur la côte septentrionale du Maroc, la température est descendue à 9,4°C le 28 octobre, égalant ainsi le record mensuel de froid à la station depuis le début des mesures en 1970 (9,4°C le 31/10/1974). Plus à l’ouest, dans la cité espagnole autonome de Ceuta sur la côte nord de l’Afrique dans le détroit de Gibraltar, la température est descendue à 9,0°C le même jour.
En Tunisie, après un coup de sirocco le 29 octobre, l’air froid a envahi le pays par le nord-ouest le lendemain. La température est descendue notamment à 6,5°C le 30 octobre à Gabès (120 m) sur la côte sud-orientale du pays, ce qui constitue un record mensuel de froid à la station depuis le début des mesures (fiables) en 1957 (le précédent record étant a priori de 8,2°C le 23/10/1996).
En Algérie, le fléchissement des températures a été ressenti jusque dans le centre du pays : on a relevé 5,9°C le 30 octobre à Ouargla (141 m, 31°55’N), 6,0°C le 30 à Hassi-Messaoud (142 m, 31°40’N), 6,5°C le 30 à El Golea (397 m, 30°34’N), 7,0°C le 30 à Tindouf (449 m, 27°42’N) et 9,5°C le 1er novembre à In-Salah (269 m, 27°14’N).


Un temps très perturbé dans le sud-ouest de l’Europe et au Maghreb

L’irruption par le nord-ouest d’un air sensiblement plus froid au-dessus des eaux plus chaudes de la Méditerranée s’est traduite par une forte instabilité aérologique et un temps très perturbé dans le bassin occidental de la Méditerranée et en mer Ligure notamment.
Dans un fort courant de sud-est à l’avant de la masse d’air froid, de l’air doux et humide est remonté en direction du littoral méditerranéen français, du nord-ouest de l’Italie jusqu’au versant sud des Alpes. Une profonde dépression baptisée "Adrian" s’est creusée rapidement le 29 octobre entre les Baléares et la Corse, avant de remonter vers le nord-est en direction du golfe de Gênes. Comme on peut l’observer sur l’image satellite du canal vapeur d’eau (ci-contre, en bas à droite), cette dépression s’est creusée en sortie gauche d’un puissant courant-jet : l’intrusion d’air sec associée à l’anomalie de basse tropopause et au violent courant-jet est très nettement visible sur l’image.
Au passage de la tempête, la pression atmosphérique est descendue en Corse à 979 hPa à Calvi, ce qui constitue la plus basse pression observée sur l’île de Beauté au mois d’octobre, non loin du record absolu (975 hPa au cap Corse le 05/03/2009). Estimé à 974 hPa le 29 octobre à 19h au large de Nice par Météociel, le minimum dépressionnaire est passé tout près d’Imperia en Ligurie (Italie), où une station du réseau MeteoNetwork sur la commune de San Bartolomeo al Mare (20 m) a enregistré une pression minimale de 972,3 hPa, avant de faire un bond de +9,7 hPa en 30 minutes. Il s’agit sans aucun doute d’une des plus basses pressions observées dans le golfe de Gênes, voire un record absolu.
En raison du fort gradient de pression, des vents très violents ont balayé la Corse le 29 octobre en fin d’après-midi (l’île de Beauté ayant été placée en vigilance rouge par Météo France quelques heures plus tôt, avant de gagner la Côte d’Azur et le sud des Alpes en soirée. Les rafales ont généralement été comprises entre 100 et 130 km/h, localement 150 à 190 km/h sur les côtes avec 176 km/h à Marignana (Corse-du-Sud), 188 km/h au cap Corse et à L’Île Rousse (Haute-Corse), et jusqu’à 189 km/h au cap Pertusato (Corse-du-Sud) [une rafale qui surpasse celle relevée au cap Corse (188 km/h) lors de la tempête du 28/10/2012]. À Ajaccio (Corse-du-Sud), les rafales ont atteint 117 km/h. Depuis le début des mesures en 1981, cette valeur n’avait été dépassée que lors de la tempête du 28/12/1999 avec une rafale à 122 km/h.
De violentes rafales tornadiques ont causé des dégâts aux habitations et à la végétation dans les secteurs d’Aléria (dans l’est de l’île) et de Porto-Vecchio (en Corse-du-Sud), tandis que la mer déchaînée a semé le chaos dans la baie d’Ajaccio.

La profonde dépression Adrian est remontée en direction de la Côte d’Azur, où de violentes rafales de vent (associés à une tornade) ont provoqué de gros dégâts sur la commune de Tanneron dans le Var. De fortes pluies se sont abattues sur le littoral qui ont causé d’importantes inondations dans le Var et les Alpes-Maritimes. Cet épisode pluvio-orageux vient ponctuer un mois d’octobre particulièrement arrosé dans les régions méditerranéennes : à titre d’exemple, Le Luc a enregistré un record de pluviométrie tous mois confondus depuis 1946 avec un cumul mensuel de 552,5 mm (précédent record : 527,0 mm en novembre 2014 ; précédent record en octobre : 360,6 mm en 1976), dont 167 mm en l’espace de 36 heures (soit l’équivalent en moyenne de 51 jours de précipitations).
Plus à l’est, les intempéries ont fait plus d’une dizaine de victimes dans le nord de l’Italie et d’importants dégâts dus aux glissements de terrain et aux fortes rafales de vent. De nombreux arbres ont été abattus sous la violence du vent, notamment dans le Trentin-Haut-Adige dans le nord-est du pays (comme on peut le voir sur ces photos) et dans le parc national des Dolomites Bellunesi en Vénétie (cf. cette vidéo), mais également à Rome sur la côte tyrrhénienne (comme on peut le constater sur cette vidéo). La mer déchaînée a causé également la désolation dans le golfe de Gênes (cette vidéo réalisée par Rodrigo Contreras Lopez montre l’étendue des dégâts à Rapallo dans la ville métropolitaine de Gênes).
Pont au-dessus du Piave le 30 octobre 2018
© Meteo Da Correggio

En Vénétie, le niveau du Piave est monté de 10 m (cf. photos ci-contre) à la suite des fortes précipitations dans le nord-est de l’Italie les 23-30 octobre, causant d’importantes inondations. Comme on peut aussi l’observer sur l’image satellite Sentinel-2 du 31 octobre, les fleuves du nord-est de l’Italie ont déversé de grandes quantités de sédiments dans le golfe de Venise situé à l’extrémité nord de la mer Adriatique, entre le delta du Po et la péninsule d’Istrie. On remarque en particulier, au nord-est de Venise, le panache turbiditique (en brun) généré par la crue du Piave à son embouchure.
Par ailleurs, la cité lacustre de Venise a été inondée à près de 70% le 29 octobre en raison d’un intense phénomène d’acqua alta provoqué par le fort vent du sud conjugué aux fortes marées. Le niveau de l’eau à la station de mesure de Punta della Salute a atteint 156 cm, égalant le niveau atteint le 1er décembre 2008. La cité a enregistré des niveaux supérieurs seulement 3 fois depuis 1872 : 158 cm le 01/02/1986, 166 cm le 22/12/1979 et 194 cm le 04/11/1966.
Notons que le niveau est qualifié d’exceptionnel lorsqu’il atteint 140 cm (la cité étant alors inondée à 55%) : il a été atteint seulement 1 fois entre 1872 et 1950, 1 fois tous les 5 à 10 ans à la fin du vingtième siècle et 10 fois (en comptant l’événement récent) au cours des deux dernières décennies.

Avec l’abaissement des températures, la neige est tombée sur les principaux massifs français, en particulier sur les Alpes et le Massif Central, jusqu’à basse altitude, notamment à Saint-Étienne-Bouthéon (à 400 m) où l’on a relevé 17 cm le 29 octobre au soir (un record pour un mois d’octobre à la station). Les importantes chutes de neige en Haute-Loire et dans la Loire ont paralysé le trafic routier dans la nuit du 29 au 30 octobre : un millier de personnes ont été bloquées par la neige sur l’autoroute A89 et la RN88 et sur certaines routes du réseau secondaire. Au-dessus de 500 m dans le Massif Central, l’épaisseur de neige a atteint généralement 8 à 15 cm (9 cm à Aurillac, 12 cm au Puy-en-Velay), 15 à 20 cm par endroits (17 cm à Ségur dans l’Aveyron), voire plus localement. Au-dessus de 1000 m d’altitude, il est tombé 20 à 45 cm et plus de 50 cm sur le Pilat et les monts du Vivarais.
Les précipitations neigeuses se sont étendues plus au nord et ont gagné progressivement les monts du Lyonnais (au moins 20 cm le 29 au soir à Saint-Martin-en-Haut à 750 m), le Dauphiné, la Bourgogne (18 cm à Château-Chinon dans la Nièvre) et la Champagne-Ardenne.

Le couloir dépressionnaire d’altitude présent au-dessus de l’Europe de l’ouest à partir du 27 octobre a occasionné de très abondantes précipitations de barrage le long du versant sud des Alpes. La profonde dépression qui s’est creusée sur la Méditerranée le 29 octobre est remontée en direction de l’arc alpin et a entraîné une intensification des précipitations sur le versant sud des Alpes suisses, ainsi que sur le Haut-Valais. Ces précipitations étaient parfois orageuses et accompagnées de rafales de vent tempétueuses. Dans un flux de sud-est particulièrement vigoureux, les rafales ont atteint jusqu’à 181,1 km/h le 29 octobre (21h) au Piz Martegnas (2670 m) et 213,1 km/h le 30 octobre (2h) au Gütsch ob Andermatt (2283 m).
Les fortes rafales de vent (amplifiées localement par effet Venturi) ont causé des dommages considérables aux forêts de montagne (qui rappellent ceux engendrés par la tempête Lothar en décembre 1999) et quelques dégâts matériels (pylones électriques détruits, toitures arrachées), notamment près du col de l’Albula dans la Haute-Engadine (cf. ces images).

Sur le versant sud des Alpes, il est tombé en 3 jours de 200 à 300 mm de pluie, avec des valeurs atteignant 300 à plus de 400 mm dans le Tessin. Il est tombé notamment jusqu’à 541,2 mm en 72h à Càmedo (Tessin) du 27 octobre (13h UTC) au 30 octobre (13h UTC) et 520,6 mm à Sambughetto-Valstrona (dans l’extrême nord du Piémont italien) sur la même période.
Plus à l’est, dans le canton des Grisons, la station de Segl-Maria (1804 m) a enregistré un cumul de 224,6 mm du 27 au 29 octobre, soit un record pluviométrique sur 3 jours depuis le début des mesures en 1864 (précédent record : 223 mm en novembre 2002).
Sur le versant nord des Alpes, la limite pluie-neige s’est abaissée jusque vers 500 m, notamment dans les Grisons où il est tombé 40 à 70 cm de neige fraîche au-dessus de 1200 m, voire plus localement. Une couche de 72 cm de neige fraîche a été mesurée le 28 octobre au matin à Arosa (1845 m) [dont l’essentiel tombé en l’espace de 18h], ce qui constitue un record pour un mois d’octobre depuis le début des mesures à la station en 1890 ! Il était tombé plus de 50 cm de neige en 1 jour à Arosa au mois d’octobre qu’à deux reprises auparavant, en 1972 (68 cm) et 1917 (65 cm).
Les cumuls de neige les plus importants dans les Alpes suisses ont été enregistrés dans la région du Simplon, sur le nord du Tessin et dans les Grisons. L’enneigement à 2500 m d’altitude a atteint le 2 novembre au matin des valeurs tout à fait remarquables pour la saison : la couche a dépassé souvent les 2 mètres dans le sud des Alpes suisses, notamment au Bortelsee (2517 m, Haut-Valais) avec 239 cm (alors que le sol était encore nu le 27 octobre au matin) et à Cavanna (2450 m, Tessin) avec 289 cm !

Le temps perturbé n’a pas épargné également le Maghreb où la neige est tombée en dessous de 1000 m d’altitude le 29 octobre sur les reliefs de l’Atlas, dans le nord du Maroc (jusqu’à 700 m d’altitude localement) et de l’Algérie notamment, comme à Tiaret (978 m) et à Médéa (981 m), ou encore dans la wilaya de Tissemsilt entre 800 et 900 m, ce qui est rare à cette période de l’année.

Étendue de la couverture neigeuse en Europe et au Maghreb le 30 octobre 2018
© Earth Observation Group at CBK PAN