mardi 6 août 2019

Vague de chaleur d’intensité exceptionnelle sur l’Europe de l’Ouest en juillet 2019

Après une première vague de chaleur du 24 au 30 juin 2019 (d’une intensité historique dans le sud de la France, avec à la clé un nouveau record national de chaleur), une seconde vague de chaleur a frappé la France et une bonne partie de l’Europe de l’Ouest du 21 au 26 juillet 2019.
Si, comme la première, cette nouvelle vague de chaleur a été relativement courte (6 jours), elle a atteint une intensité exceptionnelle et inédite sur la moitié nord de la France, le Benelux et l’Angleterre. Une multitude de stations ont battu ou pulvérisé (parfois de plusieurs degrés) leur record absolu de température au cours de cet épisode caniculaire et 5 pays européens ont enregistré un nouveau record national de chaleur le 25 juillet au terme d’une journée historiquement chaude.

Cette seconde vague de chaleur est la conséquence d’une puissante remontée d’air chaud en provenance d’Afrique du Nord associée à un dôme anticyclonique (structure en Omega typique de ces situations) qui s’est positionné au‑dessus de l’Europe de l’Ouest, à l’avant d’un système dépressionnaire sur l’Atlantique. Cette puissante advection d’air chaud en provenance du nord de l’Afrique a été favorisée par un ralentissement général du flux d’ouest au‑dessus de l’Atlantique depuis la fin avril 2019, comme l’indique l’indice remarquablement négatif de l’oscillation nord-atlantique sur toute la période. En effet, dans une telle configuration isobarique, la circulation d’ouest est plus faible et le courant-jet décrit des ondulations plus marquées, favorisant de puissantes advections d’air chaud en provenance du continent africain (comme ce fut le cas aussi sur la France lors de la première vague de chaleur en juin) entre deux coulées d’air plus froid sur le proche Atlantique et du nord de l’Europe à l’Europe de l’Est.


FRANCE
Cette seconde vague de chaleur, qui a touché la France du 21 au 26 juillet, a été relativement courte (6 jours) mais d’une intensité exceptionnelle, comme on peut le constater sur le diagramme à bulles ci-contre de Météo-France qui compare les vagues de chaleur survenues dans le pays depuis 1947.
Elle ponctue un mois de juillet 2019 particulièrement ensoleillé (en particulier dans l’Ouest) et chaud à l’échelle nationale, mais seulement le 3e plus chaud depuis 1900 avec un écart à la normale mensuelle de +2,4°C (comme en juillet 2018, contre +2,6°C en juillet 1983 et +3,6°C en juillet 2006 !).
À titre d’illustration, Paris-Montsouris n’a enregistré au cours de ce mois de juillet 2019 que 7 jours avec une température au moins égale à 30°C, contre 16 jours en juillet 2018 et juillet 2006.

Cartes des températures maximales en France du 23 au 25 juillet 2019
Source : Infoclimat
Cette vague de chaleur a débuté dans le sud-ouest de la France, avec à la clé des records absolus de température battus dans plusieurs villes dès le 23 juillet : 42,1°C à Brive, 42,0°C à Terrasson, 41,2°C à Bordeaux-Mérignac, ou encore 42,6°C à Bordeaux-Paulin (station implantée au cœur de la capitale girondine depuis 1952, dont l’environnement reste néanmoins relativement satisfaisant pour une station située en centre-ville [cf. la fiche signalétique de la station]).
La chaleur a atteint le même jour le centre-ouest de la France et s’est propagée rapidement vers le nord et le nord‑est les jours suivants, à la différence de celle du mois de juin 2019 qui avait épargné les régions de l’Île-de-France et des Hauts-de-France sous l’influence protectrice d’une masse d’air anticyclonique plus fraîche centrée plus au nord.
De nombreuses autres stations ont enregistré un nouveau record absolu de chaleur les 23 et 24 juillet (cf. la liste ci‑dessous), mais le jeudi 25 juillet a été de loin la journée la plus chaude de cet épisode caniculaire exceptionnellement intense. L’indicateur thermique national a atteint 29,4°C, soit une valeur record équivalente à celle du 5 août 2003, reléguant aux 3e et 4e rangs les journées du 27 juin 2019 (27,9°C) et du 28 juillet 1947 (27,8°C).
Plus de 40 stations synoptiques (soit près d’un quart du réseau principal de Météo-France) ont battu leur record absolu sur la seule journée du 25 juillet. Le mercure a atteint des valeurs jamais mesurées, tous mois confondus, dans de nombreuses villes, effaçant les records des vagues de chaleur de juillet 1947, juillet 1983 et août 2003. La barre des 40°C a été dépassée pour la première fois dans l’extrême nord du pays, comme à Dieppe (40,1°C), Lille (41,5°C) et même Dunkerque (41,3°C) !
La température est montée jusqu’à 42,6°C le 25 juillet à Paris-Montsouris qui pulvérise son ancien record absolu de chaleur depuis le début des mesures en 1872 (40,4°C le 28/07/1947) et détient désormais le record absolu pour les stations du réseau principal de la moitié nord de la France. La station se classe également au 3e rang du réseau principal à l’échelle nationale pour un mois de juillet (derrière Figari [Corse] avec 43,0°C le 23/07/2009 et Le Luc [Var] avec 42,7°C le 07/07/1982) et au 9e rang tous mois confondus (le record étant détenu par Nîmes-Courbessac avec 44,4°C le 28/06/2019) !
Hors réseau principal, la température a grimpé jusqu’à 43,6°C le 25 juillet à Saint-Maur-des-Fossés (une station implantée dans le parc St-Maur depuis 1872, qui a tendance néanmoins à surchauffer). Il s’agit non officiellement (mais possiblement) d’un nouveau record national de chaleur pour un mois de juillet, qui bat les 43,4°C du 23/07/2009 à Sartène (Corse) et 43,5°C le même jour à Sollacaro-Alziglione (mais cette station de Corse-du-Sud est de moins bonne qualité [cf. sa fiche signalétique]). On peut également signaler qu’on avait relevé jusqu’à 43,8°C le 31/07/1947 à Joyeuse (Ardèche), mais cette valeur est vraisemblablement surestimée.

Selon Météociel, 282 records absolus ont été battus en juillet (principalement sur la moitié nord de la France), contre 180 en juin (du sud-est de la France aux pays de la Loire). Comme on peut le voir aussi sur la carte ci-contre (établie par l’observatoire Keraunos à partir des données fournies par Météo-France), plus de 70 stations synoptiques (soit environ 40 à 50% du réseau) ont battu leur record absolu de chaleur durant les deux premiers mois de l’été 2019 [une étude complémentaire parue sur LeMonde.fr précise que 79 stations synoptiques ont d’ores et déjà battu leur record absolu depuis le début de l’année et que 83% des températures maximales ont été enregistrées après 2003]. L’ampleur de la vague de chaleur de juillet est saisissante sur la moitié nord de la France. Tout aussi renversant, Lille (41,5°C) et Dunkerque (41,3°C) par exemple comptent désormais un record absolu de température supérieur à ceux de Bordeaux-Mérignac (41,2°C), Agen (41,0°C), Biarritz (40,6°C), Tarbes (39,0°C), Lyon St-Exupéry (39,9°C), Clermont-Aulnat (40,9°C), Grenoble St-Geoirs (39,5°C), Nice (37,7°C), Toulon (40,1°C), ou encore Marseille-Marignane (40,6°C) ! Sans oublier Paris-Montsouris (42,6°C) qui devance désormais Perpignan-Rivesaltes (42,4°C) !

Le caractère le plus frappant de ces deux canicules de juin et juillet 2019 est l’écart qui existe entre les nouveaux records établis récemment et les anciens records historiques, comme on peut le voir sur cette carte proposée par Matthieu Sorel (ingénieur à Météo-France) via son compte Twitter. Certaines stations ont pulvérisé littéralement leur précédent record de plusieurs degrés, en particulier Dunkerque le 25 juillet (+3,0°C), Abbeville le 25 juillet (+3,5°C), Amiens le 25 juillet (+3,6°C), Lille le 25 juillet (+3,9°C), Nîmes-Garons le 28 juin (+4,2°C), Gallargues-le-Montueux le 28 juin (+5,3°C), Marsillargues le 28 juin (+5,4°C) et surtout Montpellier-Fréjorgues qui a pulvérisé le 28 juin de +5,8°C son précédent record depuis le début des mesures en 1946 (43,5°C contre 37,7°C le 04/08/2017) : un tel écart est même exceptionnel à l’échelle mondiale, car seule la station de Steele dans le Dakota du Nord a battu en juillet 1936 son précédent record absolu avec un plus grand écart (+6,1°C) ; toutefois, on peut considérer que la station de Montpellier a pratiquement égalé (voire battu) un record mondial, car les données de Steele contiennent une plus grande marge d’imprécision en raison de l’unité utilisée — le degré Fahrenheit (toujours arrondi à la valeur supérieure).

Stations ayant enregistré un record absolu de chaleur en juillet 2019 (classées par ordre décroissant des valeurs)
[liste non exhaustive] :
  • 43,6°C le 25 juillet à Saint-Maur-des-Fossés (94) [précédent record depuis 1872 : 42,2°C le 06/08/2003]
    = record pour la région Île-de-France
  • 42,9°C le 25 juillet à La Brosse-Montceaux (77) [précédent record depuis 1973 : 40,4°C le 24/07/2019]
  • 42,6°C le 25 juillet à Paris-Montsouris (75) [précédent record depuis 1872 : 40,4°C le 28/07/1947] 
  • 42,6°C le 25 juillet à Achères (78) [précédent record depuis 1990 : 40,2°C le 11/08/2003]
  • 42,6°C le 25 juillet à Chablis (89) [précédent record depuis 1951 : 41,8°C le 07/08/2003]
    = record pour la région Bourgogne Franche-Comté
  • 42,6°C le 23 juillet à Bordeaux-Paulin (33) [précédent record depuis 1952 : 41,0°C le 04/08/2003]
  • 42,5°C le 25 juillet à Nemours (77) [précédent record depuis 1990 : 41,1°C le 06/08/2003]
  • 42,5°C le 23 juillet à Montgivray (36) [précédent record depuis 1994 : 42,3°C le 18/08/2012]
  • 42,4°C le 25 juillet à Sens (89) [précédents records depuis 1956 : 40,6°C le 24/07/2019 et 40,2°C le 06/08/2003]
  • 42,3°C le 25 juillet à Fontainebleau (77) [précédent record depuis 1989 : 40,9°C le 12/08/2003]
  • 42,1°C le 25 juillet à Châtillon-sur-Seine (21) [précédent record depuis 1946 : 41,5°C le 19/08/2012]
  • 42,1°C le 25 juillet à Le Bourget (95) [précédent record depuis 1920 : 40,2°C le 12/08/2003]
  • 42,1°C le 25 juillet à Courdimanche (91) [précédent record depuis 1989 : 40,5°C le 12/08/2003]
  • 42,1°C le 23 juillet à Brive-Laroche (19) [précédent record depuis 1987 : 41,4°C le 16/07/2015] 
  • 42,0°C le 25 juillet à Brétigny (91) [précédent record depuis 1947 : 39,7°C le 06/08/2003]
  • 42,0°C le 25 juillet à Romorantin (41) [précédent record depuis 1921 : 41,2°C le 05/08/2003]
  • 41,9°C le 25 juillet à Melun (77) [précédent record depuis 1947 : 39,4°C le 01/07/2015]
  • 41,9°C le 25 juillet à Orly (94) [précédent record depuis 1921 : 40,0°C le 12/08/2003]
  • 41,8°C le 25 juillet à Troyes-Barberey (10) [précédent record depuis 1975 : 40,6°C le 12/08/2003]
  • 41,7°C le 25 juillet à Amiens (80) [précédent record depuis 1985 : 38,1°C le 10/08/2003]
  • 41,7°C le 25 juillet à Bourges (18) [précédents records depuis 1945 : 40,2°C le 24/07/2019, 39,9°C le 23/07/2019]
  • 41,7°C le 25 juillet à Châteaudun (28) [précédent record depuis 1953 : 39,3°C le 06/08/2003]
  • 41,6°C le 25 juillet à Auxerre (89) [précédent record depuis 1936 : 41,1°C le 06/08/2003]
  • 41,6°C le 25 juillet à Beauvais (60) [précédent record depuis 1944 : 39,0°C le 06/08/2003]
  • 41,6°C le 25 juillet à Creil (60) [précédent record depuis 1954 : 39,1°C le 12/08/2003]
  • 41,6°C le 25 juillet à Pontoise-Cormeilles (95) [précédent record depuis 1946 : 39,2°C le 12/08/2003]
  • 41,5°C le 25 juillet à Cambrai (59) [précédent record depuis 1954 : 38,2°C le 06/08/2003]
  • 41,5°C le 25 juillet à Lille-Lesquin (59) [précédent record depuis 1944 : 37,6°C le 27/07/2018]
  • 41,4°C le 25 juillet à Chartres (28) [précédent record depuis 1923 : 40,1°C le 28/07/1947] 
  • 41,4°C le 25 juillet à Châteauroux-Déols (36) [précédents records depuis 1893 : 41,2°C le 23/07/2019, 40,5°C le 02/08/1906 et 40,2°C le 28/07/1947]
  • 41,4°C le 25 juillet à Roissy CDG (95) [précédent record depuis 1974 : 39,0°C le 12/08/2003] 
  • 41,4°C le 25 juillet à Saint-Dizier (52) [précédents records depuis 1953 : 40,6°C le 24/07/2019 et 40,4°C le 12/08/2003]
  • 41,3°C le 25 juillet à Abbeville (80) [précédent record depuis 1944 : 37,8°C le 01/07/1952]
  • 41,3°C le 25 juillet à Dunkerque (59) [précédent record depuis 1917 : 38,3°C le 19/07/2006]
  • 41,3°C le 25 juillet à Orléans (45) [précédent record depuis 1946 : 40,3°C le 28/07/1947]
  • 41,3°C le 25 juillet à Rouen (76) [précédent record depuis 1968 : 38,1°C le 11/08/2003]
  • 41,3°C le 24 juillet à Vichy-Charmeil (03) [précédent record depuis 1941 : 41,2°C le 31/07/1983]
  • 41,2°C le 23 juillet à Bordeaux-Mérignac (33) [précédent record depuis 1920 : 40,7°C le 04/08/2003]
  • 41,1°C le 25 juillet à Reims (51) [précédents records depuis 1945 : 39,7°C le 24/07/2019 et 39,3°C le 12/08/2003]
  • 41,1°C le 23 juillet à Angers-Marcé (49) [précédent record depuis 1999 : 39,5°C le 10/08/2003]
  • 40,9°C le 25 juillet à Évreux (27) [précédent record depuis 1968 : 38,4°C le 11/08/2003]
  • 40,9°C le 25 juillet à Boigneville (91) [précédent record depuis 1979 : 39,7°C le 06/08/2003]
  • 40,9°C le 24 juillet à Avord (18) [précédents records depuis 1922 : 40,2°C le 24/07/2019 et 39,8°C le 06/08/2003]
  • 40,8°C le 25 juillet à Tours (37) [précédents records depuis 1959 : 40,2°C le 23/07/2019 et 39,8°C le 10/08/2003]
  • 40,8°C le 25 juillet à Toussus-le-Noble (78) [précédent record depuis 1965 : 39,3°C le 12/08/2003] 
  • 40,7°C le 25 juillet à Saint-Quentin (02) [précédent record depuis 1933 : 37,9°C le 12/08/2003]
  • 40,7°C le 23 juillet à Angers-Beaucouzé (49) [précédent record depuis 1937 : 39,8°C le 28/07/1947]
  • 40,7°C le 23 juillet à Le Mans (72) [précédent record depuis 1945 : 40,5°C le 06/08/2003]
  • 40,6°C le 25 juillet à Trappes (78) [précédent record depuis 1923 : 39,1°C le 06/08/2003]
  • 40,4°C le 23 juillet à Blois (41) [précédent record depuis 1990 : 39,5°C le 10/08/2003]
  • 40,3°C le 25 juillet à Villacoublay (78) [précédent record depuis 1946 : 38,8°C le 28/07/1947]
  • 40,3°C le 23 juillet à Cognac (16) [précédent record depuis 1945 : 40,1°C le 12/07/1949]
  • 40,1°C le 25 juillet à Dieppe (76) [précédent record depuis 1949 : 38,3°C le 01/07/2015] 
  • 40,1°C le 24 juillet à Nancy-Essey (54) [précédent record depuis 1927 : 39,3°C le 08/08/2003]
  • 40,1°C le 23 juillet à Rennes (35) [précédent record depuis 1945 : 39,5°C le 05/08/2003]
  • 39,8°C le 25 juillet à Alençon (61) [précédent record depuis 1946 : 39,0°C le 28/07/1947]
  • 39,7°C le 25 juillet à Caen (14) [précédent record depuis 1945 : 38,9°C le 05/08/2003]
  • 39,7°C le 24 juillet à Metz-Frescaty (57) [précédent record depuis 1940 : 39,5°C le 08/08/2003] 
  • 39,5°C le 24 juillet à Dijon (21) [précédent record depuis 1921 : 39,3°C le 12/08/2003]
  • 39,4°C le 25 juillet à Deauville (14) [précédent record depuis 1949 : 37,7°C le 10/08/2003]
  • 39,4°C le 24 juillet à Nevers (58) [précédent record depuis 1946 : 39,2°C le 11/08/2003]
  • 39,3°C le 25 juillet à Épinal (88) [précédents records depuis 1986 : 38,8°C le 24/07/2019 et 38,0°C le 09/08/2003]
  • 39,3°C le 25 juillet à Le Touquet (62) [précédent record depuis 1947 : 36,4°C le 11/08/2003]
  • 39,2°C le 25 juillet à Charleville-Mézières (08) [précédents records depuis 1990 : 38,2°C le 24/07/2019 et 37,0°C le 12/08/2003]
  • 39,1°C le 23 juillet à Cholet (49) [précédent record depuis 1965 : 38,4°C le 10/08/2003]
  • 38,9°C le 25 juillet à Strasbourg-Entzheim (67) [précédent record depuis 1923 : 38,8°C le 30/06/2019]
  • 38,8°C le 25 juillet à Langres (52) [précédents records depuis 1947 : 38,0°C le 24/07/2019 et 37,6°C le 12/08/2003]
  • 38,1°C le 25 juillet à Le Havre/Cap de la Hève (76) [précédents records depuis 1921 : 36,5°C le 23/07/2019 et 36,3°C le 10/08/2003]
  • 38,0°C le 25 juillet à Pontarlier (25) [précédent record depuis 1987 : 36,8°C le 13/08/2003]
  • 37,9°C le 23 juillet à Limoges-Bellegarde (87) [précédent record depuis 1973 : 37,3°C le 16/07/2015] 
  • 36,4°C le 25 juillet à Boulogne-sur-Mer (62) [précédent record depuis 1952 : 35,4°C le 01/07/2015]

Comme lors de la première vague de chaleur survenue en juin, la masse d’air était particulièrement chaude en altitude au cours de ce nouvel épisode caniculaire. Dans le massif du Mt Blanc, on a relevé jusqu’à 9,8°C le 23 juillet au col Major (un record absolu pour cette station récemment implantée à 4750 m d’altitude, devant les 9,3°C du 29/06/2019) et 12,3°C le même jour à l’observatoire Vallot (station installée à 4634 m d’altitude en aval du sommet du Mt Blanc, derrière les 12,4°C du 26/06/2019) ! Des valeurs remarquables mais vraisemblablement surestimées, bien supérieures à la température de la masse d’air révélée par les différents radiosondages (Payerne, Milan, Cuneo), l’isotherme 0°C se situant plutôt entre 4900 m et 5000 m d’altitude le 23 juillet. Comme c’est le cas pour la plupart des stations dans le monde situées au-dessus de 3500 m d’altitude, les capteurs enregistrent des hausses soudaines et exagérées de la température, soit en raison d’une irradiation excessive (réflexion de la neige sur le capteur) en l’absence de vent, soit sous l’influence de vents thermiques vigoureux (qui peuvent provoquer des ascendances exceptionnelles permettant aux parapentistes de se poser sur le toit de l’Europe comme le 26 juin 2019 et de voler jusqu’à 5500 m ! [cf. cette vidéo tournée au-dessus du Mt Blanc]). Le même phénomène a été observé le 6 juillet 2019 sur les pentes du Denali (Mt McKinley) en Alaska : la température est montée jusqu’à +8,3°C à Denali Foot Camp (4328 m), alors que le radiosondage effectué au-dessus d’Anchorage indiquait une température de -9,7°C à ~5500 m d’altitude (niveau 500 hPa). En revanche, la température au sommet du Denali (6190 m) a probablement atteint un maximum de -10°C, soit vraisemblablement un record.

En raison d’une masse d’air extrêmement chaude et solidement ancrée au-dessus de la France, les températures minimales nocturnes (amplifiées localement par l’effet de chaleur urbain) ont atteint des valeurs remarquables au cours de cette vague de chaleur. De nombreuses stations ont mesuré leur nuit la plus chaude (tous mois confondus) les 24 et 25 juillet 2019 (avec notamment une minimale nocturne exceptionnelle de 28,3°C le 25 juillet dans Paris intramuros relevée à la station de l’hôpital Lariboisière dans le 10e arrondissement) ; voici quelques exemples :
  • 25,4°C le 25 juillet à Bordeaux-Mérignac (33) [précédents records depuis 1920 : 24,8°C le 23/07/2019 et 23,5°C le 14/08/2003]
  • 25,0°C le 25 juillet à Langres (52) [précédent record depuis 1947 : 24,2°C le 02/07/1952]
  • 25,0°C le 25 juillet à Cognac (16) [précédent record depuis 1945 : 23,8°C le 27/06/2019]
  • 24,8°C le 24 juillet à Roissy CDG (95) [précédents records depuis 1974 : 24,8°C le 23/07/2019 et 24,0°C le 04/07/2015]
  • 24,8°C le 25 juillet à Toulouse-Francazal (31) [précédents records depuis 1922 : 24,6°C le 23/07/2019 et 24,2°C le 26/07/1990]
  • 24,4°C le 24 juillet à Clermont-Aulnat (63) [précédent record depuis 1923 : 23,3°C le 04/07/2015]
  • 24,4°C le 25 juillet à Orly (94) [précédent record depuis 1921 : 23,5°C le 11/08/2003]
  • 24,2°C le 25 juillet à Saintes (17) [précédent record depuis 1990 : 23,7°C le 09/07/2010]
  • 23,9°C le 24 juillet à Trappes (78) [précédent record depuis 1923 : 23,4 °C le 11/08/2003]
  • 23,4°C le 24 juillet à Jagny-sous-Bois (95) [précédent record depuis 1967 : 22,7°C le 02/07/2010]
  • 23,2°C le 25 juillet à Lille-Lesquin (59) [précédent record depuis 1944 : 22,5°C le 04/07/2015]
  • 23,1°C le 24 juillet à Radinghem (62) [précédent record depuis 1989 : 21,3°C le 20/07/2016] 
  • 22,0°C le 24 juillet à Sancoins (18) [précédent record depuis 1949 : 21,4°C le 28/06/2019]
  • 21,9°C le 24 juillet à Abbeville (80) [précédent record depuis 1922 : 21,4°C le 20/07/2016]

La chaleur s’est propagée ensuite à l’ensemble du Benelux, dont les trois pays ont dépassé chacun pour la première fois, et en de nombreuses stations, la barre des 40°C.


BELGIQUE
> Plus d’infos sur le site de Météo Belgique
Toutes les stations belges ont battu ou pulvérisé le plus souvent leur record absolu de chaleur au cours des journées du 24 et surtout du 25 juillet 2019, y compris sur la côte. C’est un événement unique dans les annales de la climatologie, car la Belgique est le seul pays dans le monde à voir toutes ses stations de mesure enregistrer leur plus haute température tous mois confondus au cours de la même vague de chaleur !
Météo Belgique confirme d’ailleurs que cette vague de chaleur fut courte mais d’une intensité extrême. Au vu du diagramme à bulles ci-contre qui compare les vagues de chaleur survenues dans le pays depuis le début du vingtième siècle [construit sur le même principe que celui de Météo France, mais dont les axes des abscisses et des ordonnées sont inversés], on peut même qualifier cette vague de chaleur d’OVNI dans l’histoire climatologique du pays.
Après une première journée exceptionnellement chaude le 24 juillet, au cours de laquelle la barre des 40°C a été franchie pour la première fois dans le pays à Kleine Brogel (40,6°C) et à Angleur (40,2°C), la chaleur est montée encore d’un cran le 25 juillet. Au cours de cette journée digne de tous les superlatifs, les 40°C ont été dépassés dans toutes les provinces, excepté dans la province belge du Luxembourg.
Tmax le 25 juillet 2019 dans chaque province belge :
  • 41,8°C à Begijnendijk et 41,4°C à Kapelle-op-den-Bos (province du Brabant flamand)
  • 41,6°C à Houyet (province de Namur)
  • 41,2°C à Hé (province de Hainaut)
  • 41,2°C à Wingene (province de Flandre-Occidentale)
  • 41,1°C à Hechtel (province de Limbourg)
  • 41,0°C à Angleur (province de Liège)
  • 40,8°C à Westmalle [Malle] (province d’Anvers)
  • 40,8°C à Nethen (province de Brabant wallon)
  • 40,4°C à Heldergem, à Kruishoutem et à Semmerzake (province de Flandre-Orientale)
  • 38,8°C à Aubange et à Torgny (province du Luxembourg)
Carte des Tmax du 25/07/2019 en Belgique
La plus haute température a été relevée à Begijnendijk (province du Brabant flamand) avec 41,8°C le 25 juillet, battant ainsi le précédent record national (avant 2019) de 3°C ! Avec une Tmax de 40,7°C le même jour, Beitem (province de Flandre-Occidentale) détient désormais le record national de chaleur pour les stations synoptiques belges.
La journée du 25 juillet a également été la plus chaude à Uccle (juste au sud de Bruxelles) avec 39,7°C, la station disposant de la plus longue série de mesures depuis 1833 !
Il est à noter que certaines stations ont pulvérisé de 3°C voire plus de 4°C leur précédent record ce jour-là : c’est le cas par exemple de Beitem avec 40,7°C (précédent record depuis 1953 : 36,8°C le 27/07/2018), Kruishoutem avec 40,4°C (précédent record depuis 1985 : 36,4°C les 19/07/2006 et 26-27/07/2018), Zaventem-Bruxelles Airport avec 40,2°C (précédent record depuis 1984 : 36,0°C le 26/07/2018), Beauvechain avec 40,1°C (précédent record depuis 1953 : 35,8°C le 27/07/2018, soit un écart de +4,3°C !), ou encore Coxyde (en bord de mer !) avec 40,2°C qui pulvérise son ancien record de +4,0°C.

> Vous pouvez retrouver toutes les températures supérieures ou égales à 38°C enregistrées en Belgique dans la base de données de Géoclimat dédiée aux records nationaux de température.


PAYS-BAS
Cet épisode caniculaire d’une intensité exceptionnelle a fait tomber aux Pays-Bas un record national vieux de 75 ans. Le record de 38,6°C enregistré le 23/08/1944 à Warnsveld a été battu dès le 24 juillet à l’aéroport d’Eindhoven avec 39,3°C. Ce record a été amélioré dès le lendemain avec 40,7°C le 25 juillet à Gilze-Rijen, qui détient désormais le nouveau record national de chaleur. Au total, et pour la première fois dans le pays, 9 stations néerlandaises ont enregistré une température maximale supérieure à 40°C au cours de cette journée du 25 juillet ; par ailleurs, le précédent record national de 1944 a été battu ou égalé à 25 reprises entre le 24 et le 26 juillet 2019 !

> Vous pouvez retrouver les plus hautes températures enregistrées aux Pays-Bas dans la base de données de Géoclimat dédiée aux records nationaux de température.


LUXEMBOURG
La température maximale de 39,0°C relevée le 25 juillet à la station de l’aéroport de Luxembourg-Findel constitue désormais le record national officiel de chaleur et la température la plus élevée jamais observée depuis le début des mesures à la station en 1947, reléguant ainsi au second rang le précédent record de 37,9 °C survenu à deux reprises durant l’été 2003 (les 8 et 12/08/2003).
Toutefois, d’autres stations du réseau secondaire (utilisé notamment pour l’agriculture) ont enregistré le 25 juillet des valeurs supérieures, qui ont même atteint ou dépassé pour la première fois au Luxembourg la barre des 40°C : 40,0°C à Roeser, 40,0°C à Grevenmacher, 40,0°C à Ettelbruck, 40,1°C à Nittel, 40,1°C à Wormeldingen, 40,4°C à Bettendorf, 40,7°C à Beetebuerg et jusqu’à 40,8°C à Steinsel qui enregistre la plus haute température jamais mesurée dans le pays (une valeur qui tranche radicalement avec la température de 21,5°C relevée à la station au plus chaud de la journée deux jours plus tard) !
Après cette journée historiquement chaude au cours de laquelle la plupart des stations luxembourgeoises ont battu leur record de 2003, la nuit du 25 au 26 juillet s’est inscrite également dans l’histoire. En effet, au cours de la nuit, la température n’est pas descendue en dessous de 24,3°C à l’aéroport de Luxembourg-Findel, soit la température minimale la plus élevée jamais enregistrée officiellement depuis 1947 !


SUISSE
En Suisse, cette deuxième vague de chaleur est intervenue un mois seulement après l’épisode caniculaire de juin 2019 ou cours duquel plus d’une quarantaine de stations ont enregistré un record mensuel de chaleur (dont 6 au moins un record absolu), la plupart d’entre elles se situant en montagne au regard d’une masse d’air extrêmement chaude en altitude (25,8°C à 1500 m le 27/06/2019 d’après le radiosondage de Payerne, un record pour un mois de juin en Suisse à cette altitude).
Cette deuxième vague de chaleur du 22 au 26 juillet 2019 (notamment plus intense en Suisse romande que celle de juin) ponctue le 2e bimestre juin-juillet le plus chaud à l’échelle nationale depuis le début des mesures en 1864.
Plusieurs stations ont enregistré un nouveau record absolu de chaleur, améliorant pour certaines leur nouveau record tout juste établi un mois plus tôt : Sion (38,0°C le 24 juillet [mesures depuis 1958]), Neuchâtel (37,9°C le 24 juillet, contre 37,8°C le 07/07/2015 [mesures depuis 1864]), Buchs-Aarau (37,0°C le 24 juillet, contre 36,7°C le 13/08/2003 [mesures depuis 1959]), Koppigen (36,8°C le 25 juillet, contre 36,5°C le 27/06/2019 et 36,4°C le 07/072015 [mesures depuis 1960]), Scuol [1304 m] (33,8°C le 24 juillet, contre 33,3°C le 26/06/2019 et 33,1°C le 04/08/2003 [mesures depuis 1971]), Le Moléson [1972 m] (27,2°C le 25 juillet et 26,4°C le 24, contre 25,8°C les 27/06/2019 et 31/07/1983 [mesures depuis 1982]).
Si cet épisode caniculaire s’est accompagné de températures élevées en région de montagne, il s’est traduit également par des températures nocturnes particulièrement chaudes. Dans la nuit du 24 au 25 juillet le mercure n’est pas descendu en dessous 25,0°C à Lugano (précédent record à la station : 23,9°C le 22/06/1870 !) et 25,2°C à Locarno-Monti (précédent record : 24,2°C le 11/08/2003), soit les plus hautes températures minimales enregistrées en Suisse pour un mois de juillet, à 0,1°C du record national tous mois confondus (25,3°C le 19/06/2003 à Meiringen) !
À noter qu’une température minimale de 27,4°C a été enregistrée au cours de cette même nuit sur la commune de St Chrischona, une commune située à 520 mètres d’altitude dans le canton de Bâle-Ville (près de la frontière allemande), mesurée sur un pylône à 232 m au-dessus du sol, ce qui rend la mesure, bien que réelle, non comparable à la température mesurée dans les autres stations officielles [> info diffusée par Météo Suisse (IT)].


ALLEMAGNE
Cartes et données extraites du site mtwetter.de
Des températures extrêmes ont été observées en Allemagne du 24 au 26 juillet 2019 (surtout dans une large moitié ouest du pays), le jour comme la nuit.
La station de la base militaire de Geilenkirchen a ravi le temps d’une journée la place du record national de chaleur avec 40,5°C le 24 juillet 2019, soit 0,2°C de plus que le précédent record établi 4 ans plus tôt (40,3°C le 07/08/2015 à Kitzingen).
Comme en France, au Royaume-Uni et au Benelux, la journée du 25 juillet a été encore plus chaude en Allemagne, avec 25 stations officielles franchissant la barre des 40°C, dont 15 d’entre elles dépassant le précédent record national de 2015 ! Près de 140 stations, soit 30% des stations du réseau officiel DWD, ont mesuré leur température la plus élevée depuis le début des mesures au cours de cette seule journée (55 la veille) !
La température a dépassé officiellement les 41°C dans 4 stations allemandes le 25 juillet : à Köln-Stammheim (41,1°C [précédent record depuis 1945 : 38,3°C le 08/08/2003]), Duisburg-Baerl (41,2°C), Tönisvorst (41,2°C [précédent record depuis 1954 : 37,8°C le 02/08/2003]) et Lingen (42,6°C [précédent record depuis 1951 : 37,8°C les 07/08/2018 et 26/07/2018]).
Station météo de Lingen
Après avoir vérifié l’équipement de mesure, le DWD s’est empressé dès le lendemain de valider la valeur de 42,6°C enregistrée à Lingen le 25 juillet et de valider ce nouveau record national de chaleur. Située par 52° de latitude N, il s’agit aussi de la plus haute température jamais enregistrée à cette latitude en Europe (le record dans le monde est probablement détenu par Ust-Karsk [Russie] avec 42,7°C le 12/07/2010) ! Cependant, cette valeur a déclenché une polémique (relayée sur Wetterzentrale Forum) justifiée au regard de l’environnement de la station et l’écart de température relevé le même jour avec les stations voisines. Pour de nombreux spécialistes, le doute demeure quant à la fiabilité des données de cette station, car le capteur thermique est placé trop près d’une haie et dans une cuvette topographique. Selon le DWD lui-même, il devrait y avoir une distance d’au moins 10 fois la hauteur de l’obstacle entre l’obstacle et l’équipement de mesure. Dans un document interne du DWD, on peut même lire que "la hauteur élevée des arbres situés à proximité immédiate du capteur et la surface de l’eau de la piscine extérieure qui jouxte le terrain faussent les résultats des mesures". Dans ces conditions, la polémique n’est pas près de s’arrêter, au moins jusqu’au jour où ce record sera battu à son tour…

Parmi les autres faits marquants, on retiendra que la chaleur était également bien présente en montagne, avec notamment un nouveau record absolu de 29,7°C le 25 juillet au Mt Brocken [1134 m] (précédent record depuis 1896 : 29,0°C le 20/08/2012), mais également en bord de mer dans le nord du pays avec une Tmax de 35,4°C relevée le 24 juillet sur l’île de Norderney (précédent record depuis 1947 : 34,1°C le 02/07/2015), soit la plus haute température jamais mesurée sur une île allemande en mer du Nord et vraisemblablement sur une île de mer du Nord tous pays confondus.
La nuit, la température s’est maintenue au-dessus de 23°C en de nombreux endroits. La station de Weinbiet (située sur une colline à 553 m d’altitude) a enregistré une température minimale de 26,2°C dans la nuit du 24 au 25 juillet, établissant un nouveau record national pour un mois de juillet (précédent record : 26,1°C le 15-16/07/2007 à Kubschütz), à bonne distance toutefois du record absolu national (27,6°C le 12-13/08/2003 à Weinbiet).

> Vous pouvez consulter les plus hautes températures enregistrées en Allemagne dans la base de données de Géoclimat dédiée aux records nationaux de température. [NB : les données indiquées en italique correspondent à des valeurs non officielles ou suspectes (comme c’est le cas pour Lingen).]
> Vous pouvez également consulter toutes les données des stations gérées par le DWD sur le site web du climatologue allemand Michael Theusner (mtwetter.de), une référence en la matière et une mine d’informations !


JERSEY et le ROYAUME-UNI
En progressant vers le nord de la France, la chaleur a atteint les îles Ango-Normandes dès le 23 juillet 2019, en particulier l’île de Jersey (dépendance de la Couronne britannique) où la température est montée jusqu’à 36,0°C à l’aéroport, égalant le record absolu de Jersey depuis le début des mesures en 1894 (36,0°C le 09/08/2003 à Saint Saviour / Maison St Louis Observatory).
En poursuivant sa remontée vers le nord, la chaleur a touché également le Royaume-Uni pour atteindre son paroxysme au cours de la journée du 25 juillet. Les plus hautes températures ont été observées en Angleterre, avec des records absolus de chaleur battus dans plusieurs stations ce jour-là : Cambridge (38,1°C), Benson (37,0°C), Wittering (36,7°C), Rothamsted (36,6°C), Marham (36,5°C), Oxford-Observatoire Radcliffe (36,5°C, surclassant l’ancien record depuis le début des mesures à la station en 1818 [35,1°C le 19/08/1932]), Cranwell (36,3°C), Holbeach (36,1°C), Nottingham (36,1°C), Langdon Bay (35,9°C), Manston (35,5°C), Scampton (35,1°C), Waddington (35,1°C), Herstmonceux (35,0°C), Linton-on-Ouse (34,8°C), Leeming (34,5°C).
Un nouveau record national a même été enregistré à la station du Jardin botanique de l’université de Cambridge avec 38,7°C le 25 juillet : après enquête, le Met Office a confirmé et validé cette valeur 4 jours plus tard, qui bat ainsi le précédent record national de 38,5°C établi le 10/08/2003 à Brogdale (au sud de Faversham en Angleterre) et pulvérise l’ancien record de la station (36,9°C le 10/08/2003). Notons que ce record a également soulevé quelques critiques quant à la fiabilité des données de cette station gagnée par l’urbanisation depuis son installation en 1904 au sud de la ville et dont les conditions de mesure ne sont aujourd’hui pas optimales : la polémique a été relayée sur plusieurs sites web, dont celui de Paul Homewood à travers un article intitulé "New Record Temperature–But How Much Of It Is Due To UHI?". Chacun se fera sa propre opinion…

Tous ces records de chaleur enregistrés en Angleterre ne sont pas surprenants au regard de la température de la masse d’air atteinte en altitude le 25 juillet à la mi-journée : pour la seconde fois cette année, la température au niveau 850 hPa (soit ~ 1500 m d’altitude) au-dessus de Herstmonceux (sud-est de l’Angleterre) a dépassé le précédent record national du 5 août 2003 (22,4°C) et se classe juste derrière le record absolu de 24,8°C récemment enregistré le 28 juin 2019 par le radiosondage de Camborne (cf. figure ci-contre). On peut donc en conclure qu’il n’avait jamais fait aussi chaud au mois de juillet à cette altitude au-dessus du Royaume-Uni.

Plus au nord, la chaleur était également bien présente : en Écosse, la station d’Édimbourg a d’ailleurs enregistré le 25 juillet un nouveau record absolu de chaleur avec une température maximale de 31,6°C, battant de 0,2°C l’ancien record datant de 1975.
Les températures nocturnes sont restées localement très élevées, notamment à Achnagart où la température n’est pas descendue en dessous de 20,9°C dans la nuit du 25 au 26 juillet, ce qui constitue la plus haute température minimale jamais relevée en Écosse, battant de 0,4°C le précédent record et qui tranche radicalement avec les températures minimales relevées en début de mois (-0,4°C le 8 juillet à Altnaharra).

*********

Dans le sillage de la canicule qui a frappé l’Europe de l’Ouest du 21 au 26 juillet, cette masse d’air extrêmement chaude a progressé lentement vers le nord et touché les pays scandinaves du 26 au 28 juillet. Les températures les plus élevées ont été observées en Norvège où le mercure est monté jusqu’à 35,6°C le 27 juillet à Laksfors (à plus de 65° de latitude N), égalant ainsi le record national de chaleur enregistré le 20 juin 1970 à Nesbyen (dans le sud du pays, à ~60°N). Cependant, la valeur relevée à Laksfors a été invalidée officiellement deux jours plus tard, car selon Cecilie Stenersen (directrice du service Observation et Climat de l’Institut météorologique norvégien) la présence de pierres, de gravier et de végétation à proximité immédiate du capteur de température affecte les mesures de la station.
[Dans ces conditions, on se demande d’ailleurs pourquoi la plupart des services météorologiques nationaux dans le monde continuent à maintenir en activité des stations qui, de leur propre aveu, surestiment les températures, et dont les données sont écartées dès lors que l’attention internationale se porte sur elles à l’occasion d’un événement remarquable ou d’un record, mais qui continuent pourtant à être prises en compte chaque mois dans le calcul de la température moyennée à l’échelle mondiale…]

Toutefois, plusieurs stations norvégiennes ont enregistré un nouveau record absolu de chaleur lors de cet épisode remarquable : Mosjøen (35,0°C le 27 juillet, soit un record de chaleur pour le comté de Nordland et qui égale le record mensuel national), Etne (34,8°C le 26, soit un record de chaleur pour le comté de Hordaland), Sauda (34,6°C le 26, soit un record de chaleur pour le comté de Rogaland), Namsskogan (34,4°C le 26), Fjaerland-Bremuseet (33,9°C le 27, soit un record de chaleur pour le comté de Sogn og Fjordane), Namsos Lufthavn (33,9°C le 27), Ullensvang (33,5°C le 28 et 33,4°C le 27), Bergen-Florida (33,4°C le 26 [précédent record : 32,2°C le 27/07/2018]), Mo I Rana-Rossvoll (33,0°C le 27), Orland (32,4°C le 28), Brønnøysund (32,1°C le 27), Sandnessjoen-Stokka (31,8°C le 27), Haugesund-Karmoy (31,2°C le 26), Slåtterøy Fyr (30,9°C le 26), Bodo (30,7°C le 27), Takle (30,5°C le 27), Sogndal-Haukasen (30,0°C le 26).
La chaleur était également bien présente en altitude : on a relevé jusqu’à 21,1°C le 28 juillet à Sognefjellshytta (1415 m) qui enregistre à cette occasion un record absolu de chaleur depuis le début des mesures à la station en 1978 ; deux jours plus tôt, la température a atteint 18,9°C le 26 juillet à Juvvasshøe (1894 m), ce qui constitue un record absolu pour la station et vraisemblablement la plus haute température jamais enregistrée à cette altitude en Scandinavie !
Par ailleurs, les nuits ont été particulièrement chaudes en Norvège, où plus d’une vingtaine de stations ont connu une "nuit tropicale" dans la nuit du 26 au 27 juillet (la température n’étant pas descendue en dessous de 20°C) : on a relevé notamment une température minimale nocturne de 21,3°C à Oslo-Blindern (la capitale), 22,6°C sur l’île de Eigerøya (commune d’Eigersund, dans le comté de Rogaland) et jusqu’à 26,1°C à Sømna-Kvaløyfjellet (302 m, comté de Nordland), qui enregistre non seulement la nuit la plus chaude des 150 dernières années mais aussi la plus haute température minimale sur 24h jamais enregistrée en Norvège (précédent record : 25,5°C le 09/07/1933 à Halden) et dans toute la Scandinavie !

La Suède n’a pas été épargnée par la chaleur (jusqu’à 34,8°C le 26 juillet à Markusvinsa par 66°73' de latitude N), avec des records absolus de température battus ou égalés dans plusieurs stations du pays : Överkalix-Svartbyn (34,3°C le 26 juillet), Älvsbyn (34,2°C le 27), Göteborg (34,1°C le 26, comme le 31/07/2018), Vidsel (33,6°C le 26), Haparanda (33,6°C le 27), Kvikkjokk-Arrenjarka (33,1°C le 27), Gunnarn (33,0°C le 27), Junsele (32,7°C le 26), Nattavaara (32,3°C le 27), Norsjo (32,2°C le 27) et Vilhelmina (31,2°C le 27).

En Finlande, la température est montée jusqu’à 33,7°C le 27 juillet à Porvoo Emasalo (un record absolu à la station) et à plus de 33°C dans la capitale : 33,3°C le 28 juillet à Helsinki-Vantaa (la station détenant toujours le record absolu pour la capitale finlandaise avec 33,7°C le 28/07/2010), 33,2°C le même jour à Helsinki-Kaisaniemi (record absolu depuis le début des mesures à la station en 1844, pulvérisant son précédent record de 31,6°C le 18/07/1945 !) et 33,2°C à l’aéroport d’Helsinki-Malmi (pulvérisant son précédent record de 31,5°C datant de 1972).
D’autres stations finlandaises ont également enregistré un record absolu de chaleur : Piikkio Yltoinen (33,2°C le 28 juillet), Salo Kärkkä (33,2°C le 28), Kokemaki Tulkkila (33,0°C le 28), Pello (32,4°C le 26), Lohja Porla (31,7°C le 28), Jomala Jomalaby (31,6°C le 28).

Cette masse d’air exceptionnellement chaude a gagné ensuite l’Islande où l’on a relevé jusqu’à 26,7°C à Gullfoss et 26,9°C à Hjarðarland le 29 juillet, avant d’atteindre le Groenland où des températures remarquablement élevées ont été enregistrées en tout fin de mois et jusqu’au 4 août 2019.
Un ballon-sonde lancé depuis la station de Danmarkshavn (située sur la côte nord-orientale du Groenland, par 77° de latitude N) a mesuré une température exceptionnelle de 14,4°C le 30 juillet (à 12h UTC) au niveau 850 hPa (soit à ~1500 m d’altitude), ce qui constitue un record absolu à cette altitude sur la côte nord-est du Groenland depuis le début des mesures en 1950, surpassant nettement l’ancien record de 13,0°C le 13/07/2002. Une valeur record de haut géopotentiel à 500 hPa a également été mesurée par le même radiosondage.
Dans un contexte de NAO négatif depuis la fin du mois d’avril 2019, associé à des pressions anormalement élevées au Groenland et dans l’Arctique plus largement, il est à noter que la température à 850 hPa au-dessus de Danmarkshavn s’est maintenue au-dessus de la moyenne au cours des 4 derniers mois, avec à la clé des valeurs records pour les mois d’avril, juin et juillet 2019 !


En surface, les températures ont atteint plus de 20°C dans plusieurs stations du Groenland entre le 30 juillet et le 4 août 2019, avec un maximim de 23,4°C enregistré le 1er août à Narsarsuaq (dans le sud de l’île), à bonne distance encore du record absolu de la station (24,8°C le 29/05/2012) et du record mensuel de chaleur pour le Groenland (24,1°C le 26/08/2003 à Nuuk Airport).
Dans le nord du Groenland, on a relevé jusqu’à 16,4°C le 31 juillet à la station Nord AWS (à 900 km du pôle Nord), et 12,3°C les 27 et 29 juillet à Kap Morris Jesup (station terrestre la plus septentrionale de l’hémisphère nord), loin toutefois du record absolu de la station enregistré l’année précédente (17,0°C le 03/08/2018 !).
Au sommet de la calotte glaciaire, la station danoise de Summit Camp (à 3202 m d’altitude) aurait relevé à plusieurs reprises des températures positives entre le 31 juillet et le 2 août 2019, jusqu’à +2,7°C le 1er août (à 18h UTC) et même brièvement +4,7°C le 2 août (à 18h UTC) [un record absolu à la station, surpassant de 6,1°C le précédent record de douceur pour un mois d’août !], alors que la température n’a pas dépassé +1,2°C les 30 et 31 juillet dans la station américaine voisine de GEO-Summit et s’est maintenue en dessous de 0°C les 1er et 2 août. Comme on pouvait s’en douter, le DMI a annoncé quelques jours plus tard sur son compte Twitter que cette valeur incroyablement élevée transmise par la station danoise de Summit Camp était finalement erronée, la température n’ayant même pas dépassé 0°C au cours des deux premiers jours du mois d’août !

Cet afflux massif d’air chaud au-dessus de l’inlandsis groenlandais a entraîné un épisode de fonte spectaculaire les 31 juillet et 1er août. Même si l’étendue de la fonte glaciaire (~60% de la surface totale) n’a cependant pas atteint le record du 13 juillet 2012 (près de 78%), le taux d’ablation a été estimé à -12,5 Gt/jour pour la seule journée du 1er août 2019, soit le plus élevé depuis le début des mesures par satellite en 2010. La quantité de glace qui a fondu au cours de ces deux jours serait donc suffisante pour remplir l’équivalent de 4,4 millions de piscines olympiques. Sur tout le mois de juillet, l’Institut danois de météorologie a estimé enfin que 197 milliards de tonnes (ou gigatonnes) de glace du Groenland ont fondu, ce qui a contribué à une hausse théorique de 0,5 mm du niveau de la mer à l’échelle globale.






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