samedi 31 décembre 2011

Événements climatiques significatifs dans le monde en 2011




L’année 2011 est la dixième année la plus chaude à l’échelle du globe,
l’année la plus chaude en relation avec un épisode La Niña
et l’année de la deuxième plus faible étendue de la banquise arctique

Les communiqués de presse sont destinés à l'information ;
ils ne constituent pas un compte rendu officiel.

Les températures moyennes en 2011 n’ont pas été aussi élevées qu’en 2010, année marquée par des valeurs records, mais il est probable que jamais une année à forte Niña n’ait été aussi chaude, d’après les données préliminaires compilées par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). La température moyenne combinée de l’air à la surface des terres et de la mer, en 2011 (janvier–octobre), présente actuellement une anomalie positive estimée à 0,41°C ± 0,11°C* (0,74°F ± 0,20°F) par rapport à la normale calculée pour la période 1961-1990 (14°C/57,2°F). L’année 2010 se classe provisoirement au dixième rang (ex-æquo) des années les plus chaudes, et les 13 années les plus chaudes sont toutes postérieures à 1996. Les données de réanalyse du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) viennent confirmer ce classement. La température moyenne de la décennie 2002-2011, supérieure de 0,46°C à la normale, est la plus élevée jamais constatée pour une période de 10 ans, à égalité avec la décennie 2001-2010. Les chiffres définitifs pour l'ensemble de l’année 2011 seront publiés une fois que les données relatives à novembre et décembre seront disponibles, au début de 2012.


Le climat mondial a été fortement influencé en 2011 par la puissante Niña qui est apparue dans le Pacifique tropical durant le second semestre de 2010 et a persisté jusqu’en mai 2011. Cet épisode, à maints égards le plus intense des 60 dernières années au moins, était étroitement lié avec bon nombre des phénomènes climatiques régionaux les plus remarquables de l'année, en particulier la sécheresse en Afrique de l’Est, dans la partie centrale du Pacifique équatorial et dans le sud des États-Unis d’Amérique, ainsi que les inondations en Afrique australe, dans l’est de l'Australie et en Asie méridionale. Les années à forte Niña** accusent en général un déficit thermique de 0,10 à 0,15°C par rapport aux années qui les précèdent et qui les suivent. L’année 2011 n’a pas dérogé à la règle, avec une température moyenne à l’échelle du globe inférieure à celle de 2010 mais néanmoins supérieure à celle des années à Niña modérée à forte les plus récentes : 2008 (+0,36°C), 2000 (+0,27°C) et 1989 (+0,12°C). Des conditions caractéristiques d’une anomalie La Niña sont réapparues ces dernières semaines, mais cet épisode ne devrait pas atteindre l’intensité observée fin 2010 et début 2011.

Les températures relevées à la surface des terres ont été supérieures à la normale*** dans la plupart des régions en 2011. C’est en Fédération de Russie et plus particulièrement dans le nord du pays que les anomalies thermiques sont les plus marquées, atteignant quelque 4°C par endroits pour la période janvier–octobre. Le printemps a été particulièrement chaud dans cette région, certaines stations enregistrant une anomalie positive supérieure à 9°C pour l’ensemble de la saison, tandis que la Russie européenne a connu à nouveau un été très chaud (au troisième rang des plus chauds jamais constatés à Moscou), mais pas aussi extrême que celui de 2010. Ces fortes chaleurs estivales ont concerné aussi les pays voisins, notamment la Finlande, où Helsinki a connu son été le plus chaud en près de 200 ans de relevés, et l’Arménie, qui a enregistré un record national absolu (43,7°C). La température moyenne de la période janvier–octobre 2011 a dépassé de plus de 1°C la normale dans une grande partie de l’Europe, de l’Asie du Sud-Ouest, de l’Afrique du Nord et de l’Afrique centrale, ainsi que dans le sud des États-Unis d’Amérique et le nord du Mexique, dans la majeure partie de l’est du Canada (en particulier le nord-est) et au Groenland. L’Amérique centrale est en passe de connaître son année la plus chaude depuis au moins 140 ans, tandis que l’Espagne a connu la période janvier-octobre la plus chaude de son histoire, depuis qu'il existe des relevés, et que plusieurs autres pays d’Europe occidentale ont presque atteint des records. Les températures supérieures à la normale constatées dans la plupart des régions polaires sont à mettre en relation avec la deuxième étendue minimale la plus faible de la banquise arctique qui ait jamais été observée.

Le nord et le centre de l’Australie constituent la principale région où la température moyenne a été inférieure à la normale en 2011 – l’anomalie négative atteignant 1°C par endroits –, ce qui est dû en grande partie à une nébulosité supérieure à la moyenne et à de fortes pluies en début d’année. D’autres régions ont connu des températures inférieures à la normale en 2011, notamment l’ouest des États-Unis d’Amérique et le sud-ouest du Canada, ainsi qu’une partie de l’Asie orientale, notamment la péninsule indochinoise, l’est de la Chine et la péninsule coréenne.


Glaces de mer
L’étendue de la banquise arctique a encore été très inférieure à la normale en 2011. Après les minima records ou quasi records (pour l'époque de l’année) du premier semestre de 2011, elle a atteint son minimum saisonnier le 9 septembre, soit 4,33 millions de km2 (35% de moins que la moyenne calculée pour la période 1979-2000), ce qui la classe au deuxième rang des moins étendues jamais observées lors du minimum estival. Ce chiffre est supérieur de 0,16 million de km2 à celui de 2007, année du minimum record, mais contrairement à 2007, les passages du Nord-Ouest et du Nord-Est ont été libres de glace par moments pendant l’été 2011. Quant au volume de la banquise, il a atteint un nouveau minimum record de 4200 km3, le précédent record – 4580 km3 – datant de 2010.


Grave sécheresse suivie d'inondations en Afrique de l’Est
Une grave sécheresse a commencé à sévir à la fin de 2010 en Afrique de l’Est, où elle a persisté la majeure partie de 2011. Elle a surtout touché les étendues semi-arides de l’est et du nord du Kenya, l’ouest de la Somalie et certaines zones de la frange sud de l’Éthiopie.

Cette région a enregistré un déficit pluviométrique très marqué pendant deux saisons des pluies successives, la « petite », d’octobre à décembre 2010, et la « grande » de mars à mai 2011. La sécheresse de 2010/11 fait partie, avec celles de 1983/84 et de 1999/2000, des trois sécheresses les plus graves des 60 dernières années dans l’est et le nord du Kenya. La période de 12 mois considérée (octobre 2010–septembre 2011) est même la plus sèche qui ait été constatée à certains endroits (la sécheresse de 2004/05 avait eu aussi de grandes répercussions sur l’ensemble de la région mais son intensité avait été moindre au Kenya). Pendant cette période, les précipitations ont été inférieures de 50 à 80% à la normale sur la majeure partie de la zone. La sécheresse a eu de graves conséquences humanitaires, en particulier en Somalie et au Kenya, entraînant une importante famine et des déplacements de populations à grande échelle. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a estimé que 13 millions de personne avaient besoin d’une aide humanitaire.

Début octobre, la situation météorologique a changé du tout au tout : des pluies abondantes ont commencé à tomber la deuxième semaine du mois et se sont poursuivies jusqu’à début novembre. Dans le nord-est du Kenya ainsi que sur la façade maritime du pays, de nombreuses régions ont d'ailleurs déjà reçu des quantités de pluie bien supérieures à la normale calculée pour l’ensemble de la saison (octobre–décembre). Par exemple, Wajir, dans le nord-est du pays, n’a reçu que 73 millimètres de pluie entre octobre 2010 et septembre 2011 (soit 76% de moins que la normale qui est de 310 mm), ce qui en fait la période de 12 mois la plus sèche que cette ville ait connue depuis 1950, puis 402 mm entre le 1er octobre et le 12 novembre, déjà plus que la moyenne annuelle. Ces pluies ont été assurément bénéfiques dans les régions les plus touchées par la sécheresse, mais les inondations qu’elles ont entraînées ont causé des dégâts aux cultures et d’autres perturbations.


Graves inondations en Asie du Sud-Est
La pluviosité a été largement supérieure à la normale pendant la saison de la mousson (juin–septembre) de 2011 sur une bonne partie de l’Asie du Sud-Est. Un peu partout au Laos ainsi que dans le nord et le centre de la Thaïlande, les précipitations entre juin et septembre ont dépassé de 20 à 80% la normale ; moyennée pour tout le nord de la Thaïlande, la pluviosité de cette période a été supérieure de 38% à la normale, chacun des quatre mois considérés accusant un net excédent pluviométrique, chose tout à fait exceptionnelle.

Les anomalies pluviométriques les plus notables ont concerné le bassin du Mékong et le bassin supérieur de la Chao Phraya. Après avoir provoqué une première série d'inondations, de moindre importance, la saison des pluies a culminé par des crues de grande ampleur, à partir de la fin septembre, qui ont fait de nombreuses victimes en Thaïlande, au Cambodge et au Myanmar – au moins 930 pour ces trois pays – au fur et à mesure qu’elles se propageaient vers l’aval le long des deux fleuves en noyant de vastes territoires. Amplifiées par les marées, ces inondations ont touché de nombreux quartiers de la grande ville de Bangkok dès la mi-octobre et ont persisté plusieurs semaines. Elles ont aussi mis à mal la production agricole et industrielle dans toute la région, les pertes se chiffrant à plusieurs milliards de dollars au moins.


L'année de tous les extrêmes aux États-Unis d’Amérique et dans le sud du Canada
Les États-Unis d’Amérique ont connu cette année une série d’extrêmes météorologiques ou climatiques, 14 au total, qui ont entraîné chacun des pertes économiques se chiffrant à un milliard de dollars ou plus.

Une sécheresse extrême a touché certaines régions du sud des États-Unis et les régions adjacentes du nord du Mexique. Elle était centrée sur le Texas, où les précipitations moyennées pour l’ensemble de cet État étaient de 273 mm pour la période janvier–octobre (56% en dessous de la normale), soit beaucoup moins que le record précédent (327 mm), qui date de 1956. La région considérée a connu par ailleurs un été exceptionnellement chaud : la température moyenne pour la période juin–août au Texas a été de 30,4°C (86,7°F), soit 3,0°C (5,4°F) de plus que la normale, ce qui est la valeur la plus élevée qui ait été constatée pour un État américain. Outre les pertes agricoles et les pénuries d’eau, la sécheresse a provoqué de violents incendies de forêt et de violentes tempêtes de poussière.

À l’opposé, de nombreuses régions du nord et du centre des États-Unis d’Amérique ont été frappées par de fortes pluies et des inondations en 2011. La période qui va de janvier à octobre a battu tous les records de précipitations dans plusieurs États du nord-est et dans l’ensemble de la région, les totaux pluviométriques accusant un peu partout un excédent de 30 à 50%. Les inondations les plus graves, qui ont atteint par endroits des niveaux records, étaient associées à l’ouragan Irene en août et à la tempête tropicale Lee en septembre. Le printemps et le début de l’été ont été extrêmement arrosés dans de nombreuses régions du centre, notamment la vallée de l'Ohio et le nord du Midwest ainsi que les Prairies canadiennes, qui ont connu des inondations parmi les pires de leur histoire. De fortes inondations ont également touché le nord-est des États-Unis d’Amérique et la province canadienne du Québec au printemps. Conjuguées à la fonte de l’épais manteau neigeux dans les régions du nord, les pluies du printemps ont provoqué en mai et juin de grandes inondations en aval. Certains tronçons du Mississippi ont connu de fortes crues, les pires depuis 1933, et le Missouri ainsi que plusieurs cours d’eau canadiens sont eux aussi largement sortis de leur lit.

La saison des tornades a été l’une des plus actives que les États-Unis d’Amérique aient connues : les mois d’avril et de mai en particulier ont eu leur lot de tornades majeures. À Joplin, dans le Missouri, une tornade a causé en mai la mort de 157 personnes, ce qui en fait la plus meurtrière que le pays ait connue depuis 1947. À ce jour, 2011 se place au troisième rang depuis 1950, après 2004 et 2008, pour ce qui est du nombre de tornades et au quatrième pour ce qui est du nombre de victimes (537). Enfin, l’année a été marquée par plusieurs grandes tempêtes de neige, parmi lesquelles la plus forte jamais survenue en octobre dans les États du nord-est.


Inondations dans de nombreuses régions du monde
De nombreuses régions du monde ont été frappées par des inondations en 2011, qu’il s’agisse de crues éclair ou d’épisodes plus persistants. Le phénomène le plus extrême, en regard du bilan humain, est survenu au Brésil les 11 et 12 janvier : une crue éclair provoquée par un cumul de pluie dépassant 200 millimètres en quelques heures dans une région montagneuse située à une soixantaine de kilomètres au nord de Rio de Janeiro a fait au moins 900 victimes. Cette catastrophe naturelle est l’une des pires de l’histoire du pays.

Des précipitations persistantes supérieures à la normale survenues pendant les mois d’été ont entraîné des inondations de grande ampleur dans l’est de l’Australie et en Afrique australe. La période comprise entre janvier et mars a été caractérisée par une pluviosité deux à quatre fois supérieure à la normale à maints endroits dans une région qui recouvre le Zimbabwe, le Botswana, la Namibie, l’Angola et le nord de l’Afrique du Sud, et des inondations se sont produites à plusieurs reprises. Sur 12 mois, de juillet 2010 à juin 2011, la pluviosité a représenté plus du double de la normale dans le nord-ouest de l’Afrique du Sud. En Australie, la période comprise entre septembre 2010 et mars 2011 a été marquée par une pluviosité record (100% supérieure à la normale), et de nombreuses régions du sud-est ont connu l’été le plus arrosé de leur histoire. Des inondations de grande ampleur se sont produites dans l’est de l’Australie, surtout entre fin décembre et début février, les régions les plus touchées étant le sud-est du Queensland et le nord de l’État de Victoria. La ville de Brisbane n'avait pas connu pareilles inondations depuis 1974, et de nombreuses propriétés situées en bordure du fleuve se sont retrouvées sous les eaux. Les pluies abondantes de fin 2010 et début 2011 ont mis fin à une longue sécheresse dans le sud-est du pays, tandis que des pluies hivernales proches de la normale sont venues atténuer la grave sécheresse qui avait persisté jusqu’aux premiers mois de 2011 dans le sud-ouest de l’Australie-Occidentale.

Pour la deuxième année consécutive, le Pakistan a été frappé par de graves inondations. Plus localisées qu'en 2010, elles ont surtout concerné le sud du pays. C'est la saison de mousson la plus arrosée qu’ait connue la province du Sind (pluviosité supérieure de 247% à la normale). Les chutes de pluie se sont concentrées essentiellement sur quatre semaines, entre mi-août et début septembre, certaines stations recevant plus de 1100 mm durant cette période. Les pluies de mousson ont été nettement supérieures à la normale dans les régions frontalières de l’ouest de l’Inde, où elles ont causé quelques inondations, et inférieures à la normale dans le nord-est ; à l’échelle du pays, la pluviosité de la période juin–septembre a dépassé de 2% la normale.

L’Amérique centrale a connu en octobre de grandes inondations, aggravées par les pluies abondantes déversées par une dépression tropicale. C'est ainsi que 1513 mm de pluie sont tombés en dix jours – du 10 au 20 octobre – à Huizicar, au Salvador. Les pires inondations se sont produites dans ce pays, mais le Guatemala, le Nicaragua, le Honduras et le Costa Rica ont été également touchés. Au moins 105 décès ont été imputés à ces inondations. Durant le premier semestre, des précipitations constamment supérieures à la normale ont provoqué des inondations dans le nord-ouest de l’Amérique du Sud, notamment en Colombie et au Venezuela, même si la situation n'avait pas été aussi catastrophique qu’à la fin de 2010. Sur les six premiers mois de l’année, la ville de Bogotá a reçu 773 mm de pluie, soit 67% de plus que la normale.

En Asie orientale, des cyclones tropicaux ont engendré des inondations à maints endroits, en particulier au Japon, balayé en septembre par les typhons Talas et Roke. Talas a déversé 1652,5 mm de pluie en 72 heures sur Kamikitayama, dans la Préfecture de Nara, ce qui est un record pour le pays. La péninsule coréenne a connu des pluies plus régulières tout au long de l’été, le plus arrosé qu’ait connu la République de Corée (moyenne nationale de 1048 mm, supérieure de 44% à la normale calculée sur la période 1973-2001). Séoul a relevé pour le seul mois de juillet 1131 mm de pluie (187% de plus que la normale pour la période 1908-2011), ce qui en fait le deuxième mois le plus arrosé que cette ville ait connu, et pour l’ensemble de l’été 1702 mm de pluie (91% de plus que la normale pour la période 1908-2011). De grandes inondations ont d’ailleurs frappé cette ville à la fin du mois de juillet.

Un certain nombre de pays riverains de la Méditerranée centrale et occidentale, parmi lesquels la France, l’Italie, l’Espagne, la Tunisie et l’Algérie, ont été eux aussi frappés par des inondations, en octobre et novembre, qui ont occasionné des pertes en vies humaines en Italie, en Espagne et en Algérie. Dans le nord-ouest de l’Italie, deux épisodes météorologiques distincts, l’un à la fin du mois d’octobre et l’autre au début du mois de novembre, ont donné lieu chacun à des cumuls de pluie dépassant 400 mm sur quelques heures : c’est ainsi que 472 mm de pluie sont tombés en six heures sur la région de La Spezia le 25 octobre. Dans le sud-est de la France, les totaux pluviométriques pour la période comprise entre le 1er et le 9 novembre ont dépassé 900 mm par endroits.


Début d'année sec en Europe et en Chine orientale
Après un mois de décembre 2010 exceptionnellement froid, les températures ont retrouvé des valeurs supérieures à la normale dans la majeure partie de l’Europe (excepté le nord-est) à partir du mois de janvier. Un temps sec s’est installé en Europe occidentale en début d’année, et le déficit pluviométrique s’est accentué tout au long du printemps, qui s’est avéré le plus sec jamais observé dans de nombreuses régions d’Europe occidentale, notamment en France et aux Pays Bas où des records nationaux ont été battus. En France et au Royaume-Uni, certaines stations ont relevé moins de 20 mm de pluie sur toute la saison. C’est le printemps le plus chaud qui ait jamais été constaté en France (anomalie positive de 2,5°C), au Royaume-Uni (+2,1°C), en Espagne (+2,3°C) et en Suisse (+3,5°C), tandis qu’en Allemagne et en Belgique, il se place au deuxième rang. Certaines régions alpines n’avaient encore jamais vu une fonte des neiges aussi précoce. La pluviosité a retrouvé des valeurs proches de la normale ou supérieures à la normale durant l’été, avant de redevenir déficitaire à l'automne. Dans certaines régions, l’été a été très pluvieux, notamment aux Pays-Bas où la pluviosité record de l’été a succédé à la sécheresse record du printemps. La Norvège a connu elle aussi l’été le plus arrosé de son histoire, et des précipitations estivales records ont été relevées à maints endroits au Danemark et dans le nord-est de l’Allemagne.

La grave sécheresse qui sévissait dans l’est de la Chine à la fin de 2010 a persisté les premiers mois de 2011. Elle a été particulièrement marquée dans le bassin inférieur du Yangtsé, où seulement 202 mm de pluie sont tombés entre janvier et mai (soit un déficit de 53% par rapport à la normale), ce qui est bien inférieur au précédent record qui était de 320 mm. À partir de juin, des précipitations supérieures à la normale, provoquant par endroits des inondations, ont succédé à la sécheresse, mais plus au sud, la saison de la mousson d'été a été bien moins arrosée que la normale. À Hong Kong, 1388 mm de pluie sont tombés entre janvier et octobre, soit 40% de moins que la normale.

Liée à un épisode La Niña, la sécheresse a sévi par endroits dans le centre et l’ouest du Pacifique tropical, en particulier aux Tokélaou et plus encore à Tuvalu, qui a dû importer son eau potable à partir du mois d’octobre au moyen de barges, les réserves nationales ayant atteint des seuils critiques.


Activité cyclonique toujours inférieure à la normale
En 2011, l’activité cyclonique à l’échelle du globe a été à nouveau inférieure à la normale, quoique dans une moindre mesure qu’en 2010, année où le nombre de cyclones tropicaux a été le plus faible jamais constaté depuis la fin des années 1960, lorsque ont débuté les observations par satellite. Jusqu’à la date du 22 novembre, on a observé 69 cyclones tropicaux au total, la moyenne annuelle s’établissant à 84.

La saison cyclonique a été exceptionnellement calme dans le sud-ouest de l’océan Indien (à l’ouest de 90°E), avec seulement deux cyclones en 2011 et trois pour l’ensemble de la saison 2010/11, soit le deuxième chiffre le plus faible des 50 dernières années. Sur l’ensemble de l'océan Indien, on a compté sept cyclones, c’est-à-dire environ la moitié de la normale.

Le seul bassin océanique qui ait connu une activité cyclonique nettement supérieure à la normale est l’Atlantique Nord, où l’on a dénombré 19 cyclones (contre une moyenne de 11). Un pourcentage particulièrement élevé de ces cyclones était d'une intensité relativement faible, tandis que le nombre d’ouragans était proche de la normale (six ouragans dont trois ont atteint la catégorie 3**** ou plus). En revanche, le nombre de cyclones qui ont balayé le Pacifique Nord-Est a été inférieur à la normale, mais la plupart de ceux qui ont pu se former ont atteint la force d’un ouragan ; aussi le nombre d'ouragans était-il proche de la normale. Dans les autres bassins océaniques (Pacifique Nord-Ouest, Pacifique sud et nord de l’océan Indien), le nombre de cyclones était proche de la normale, mais les quatre systèmes qui se sont formés dans le bassin du nord de l’océan Indien n'étaient que des tempêtes tropicales de très faible intensité dont la durée de vie n’a pas dépassé un jour. Aucun cyclone tropical ne s’est encore formé en 2011 dans le golfe du Bengale.

Par comparaison avec ces dernières années, il y a eu peu de ravages causés à terre par des cyclones tropicaux intenses, même si certains systèmes ont contribué à engendrer des inondations de grande ampleur dans diverses régions du monde. Le cyclone tropical qui a touché terre avec le plus de force cette année s’appelle Yasi : c’est un système qui était classé dans la catégorie 4 lorsqu’il a atteint Mission Beach (entre Townsville et Cairns, en Australie), et c’est le plus puissant qui ait frappé la côte orientale de l'Australie depuis 1918, voire depuis plus longtemps. Un seul décès lui a été imputé mais les dommages se chiffrent à plus d’un milliard de dollars É.-U. D’autres systèmes d’intensité maximale comparable – Songda (mai), Muifa (juillet) et Nanmadol (août) – ont atteint le faîte de leur puissance à l’est des Philippines mais se sont tous affaiblis avant d’atteindre les côtes. Quant à l’ouragan Irene, de catégorie 1, il a frappé le nord-est des États-Unis d’Amérique à la fin du mois d'août et causé pour plus de sept milliards de dollars de dégâts, imputables pour la plupart aux inondations.

Origine des données utilisées dans le présent communiqué
Ces informations préliminaires pour 2011 sont fondées sur les données climatiques transmises par divers réseaux de stations météorologiques et climatologiques terrestres ainsi que par des navires, des bouées et des satellites. Les données sont recueillies et diffusées en permanence par les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) des 189 membres de l’OMM et plusieurs instituts de recherche qui collaborent avec eux. Elles permettent d’alimenter en permanence trois grands centres mondiaux de collecte et d’analyse des données climatiques, qui constituent et tiennent à jour des jeux de données homogènes à l’aide de méthodes éprouvées. L’analyse des températures mondiales réalisée par l’OMM repose donc principalement sur trois ensembles de données complémentaires. L’un de ces ensembles est le jeu de données combiné tenu à jour par le Centre Hadley du Met Office du Royaume-Uni et l’Unité de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia (Royaume-Uni). Le deuxième ensemble est le jeu de données tenu à jour par l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA) relevant du Ministère américain du commerce, et le troisième est fourni par le Goddard Institute for Space Studies (GISS), qui relève de la NASA. Des informations complémentaires sont tirées de l’ensemble de données fondé sur les réanalyses ERA Interim, qui est tenu à jour par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT). Enfin, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a fourni des renseignements sur la situation humanitaire. Le contenu du présent communiqué de l’OMM est vérifié et évalué de façon critique avant publication par des experts éminents d’autres centres et organismes climatologiques internationaux, régionaux et nationaux.

Les informations et chiffres définitifs pour 2011 seront publiés en mars 2012 dans la Déclaration annuelle de l’OMM sur l’état du climat mondial.

* La marge d’incertitude de +/- 0,11°C a été calculée à partir du seul jeu de données HadCRU. Il est probable que pour les trois jeux de données combinés, cette incertitude soit légèrement plus faible, mais elle n’a pas été quantifiée.
** En l’occurrence, une « année à Niña » est une année qui a débuté par un épisode La Niña déjà bien en place. D’autres épisodes La Niña de forte intensité ont marqué, en plus des années susmentionnées, les années 1976 (anomalie de la température moyenne de -0,22°C), 1974 (-0,19°C), 1956 (-0,28°C), 1955 (-0,23°C) et 1950 (-0,28°C) ; quatre des cinq années les plus froides des 75 dernières années en font partie.
*** Dans le présent document, la normale désigne généralement la moyenne calculée pour la période 1961-1990, quoique certains jeux de données nationaux se réfèrent à des périodes différentes.
**** C’est l’échelle Saffir-Simpson qui est utilisée dans cette section.

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